Spectacle

L'invitation aux musées
Week-end #3

Musée de la danse
Boris Charmatz

A Dancer's Day, étrangler le temps © Ursula Kaufmann
A Dancer's Day, étrangler le temps © Ursula Kaufmann

08 & 09.12.18

CN D Pantin

Musée de la danse France / Rennes
Boris Charmatz

A Dancer’s Day

À la croisée des problématiques du Musée de la danse et de l’oeuvre chorégraphique de Boris Charmatz, A Dancer’s Day articule deux questions : de quoi est faite la journée d’un danseur en dehors du temps de la représentation ? Comment s’organise son rapport au temps, au travail, à la dépense et à la récupération, à la création et à la répétition ? Et comment déplier et élargir la perception d’une oeuvre chorégraphique – la donner à voir, à expérimenter autrement que sur la scène d’un théâtre ? Par un échauffement, des transmissions et des ateliers, une oeuvre, qui peut varier en fonction des éditions,se dépose dans les corps et devient accessible à tous, petits et grands. Danseur et chorégraphe, Boris Charmatz a signé une série de pièces qui ont fait date, d’Aatt enen tionon (1996) à 10000 gestes (2017). En parallèle, il poursuit ses activités d’interprète et d’improvisateur, notamment avec Médéric Collignon, Anne Teresa De Keersmaeker et Tino Sehgal. Il cosigne les livres Entretenir/à propos d’une danse contemporaine avec Isabelle Launay, Emails 2009-2010 avec Jérôme Bel, et signe « Je suis une école», ouvrage qui relate l’aventure que fut Bocal, école nomade et éphémère. Boris Charmatz dirige de 2009 à fin 2018, le Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne qu’il transforme en un Musée de la danse d’un genre nouveau. Il prépare actuellement infini, création qui verra le jour à l’été 2019.
 

Né d’un croisement entre le musée, lieu de conservation et d’exposition, la danse, art du mouvement, et le centre chorégraphique de Rennes, lieu de production et de résidence, le Musée de la danse est une institution-laboratoire dont le cadre se transforme en fonction des objets, des idées ou des corps qu’il abrite. Depuis 2009, les différents événements de ce chantier dirigé par le danseur et chorégraphe Boris Charmatz forment un jeu de combinatoire, explorant les possibilités de croisement entre exposition, geste performatif et articulation d’un discours. Au fil d’expositions expérimentales et nomades comme expo zéro, brouillon, 20 danseurs pour le XXe siècle, et d’événements participatifs comme Fous de danse ou A dancer’s day, le Musée de la danse invente un nouage inédit entre vivant et réflexif, art et archive, création et transmission. Présenté dans des musées comme le MoMA ou la Tate Modern, mais aussi des écoles, des bibliothèques, des places, des théâtres, c’est un musée qui expose le musée, se greffe sur l’espace urbain, contamine d’autres institutions. Si, comme l’affirme Boris Charmatz « le corps du danseur est le seul véritable Musée de la danse », c’est un corps tour à tour archive, mouvement, discours, capable d’occuper l’espace et de le saturer de paroles et de gestes. Au sein de ce territoire physique et imaginaire, propositions décalées et collections fantasmées mettent sens dessus dessous les rapports établis entre le public, l’art et sa pratique, et permettent de repousser les frontières de ce phénomène qu’on appelle danse : d’élargir à partir d’elle le point de vue posé sur le monde.
 

A Dancer’s Day

Le public est invité à venir vivre pendant six heures les moments qui composent la journée d'un danseur avec l'échauffement, le travail de répétition, le repas, la sieste, la représentation et la fête.


Programme
8.12

De 16:00 à 22:30

9.12
De 14:00 à 20:30


Ruche pédagogique échauffement
40 min. / Atrium rez-de-chaussée
par Romain Bigé, Matthieu Burner, Boris
Charmatz, Olga Dukhovnaya, Emmanuelle
Huynh, Frank Willens

La vision d’une ruche en activité, avec ses centaines d’abeilles bourdonnantes, peut donner l’impression d’une activité frénétique et désordonnée. Reprenant cette métaphore, le principe de la ruche pédagogique place danseurs et spectateurs dans une situation de transmission tous azimuts : mis en mouvement par les intervenants, les savoirs et les danses circulent, se disséminent de corps en voix et pollinisent l’assistance.

Ateliers 10000 gestes workshop
55 min.
par Boris Charmatz et Olga Dukhovnaya

Studio 3 premier étage &
Studio 8 deuxième étage

Pique Nique + (sans titre) (2000) pique-nique + spectacle
50 min. / Atrium rez-de-chaussée
Tino Sehgal

Première oeuvre de Tino Sehgal, (sans titre) (2000) expose un performeur offrant une vision fragmentaire et personnelle de l’histoire de la danse du XXe siècle – comme un « Musée de la danse » condensé en un seul corps. Ce n’est donc pas un hasard si le Musée de la danse a repris cette oeuvre pour l’inclure dans ses collections. Dans le cadre de A Dancer’s Day, la juxtaposition de la pièce et du temps du pique-nique reconfigure l’expérience – entre moment réflexif et digestion de gestes, nourriture pour le corps et pour l’esprit…

Une (toute petite) philosophie du danseur spectacle
30 min. / Médiathèque rez-de-chaussée
Romain Bigé

Une invitation à mettre des mots sur ce que l’on ressent quand on danse afin d’en tirer quelques idées sur ce qu’on fait quand on dort. Philosophe et danseur, Romain Bigé est auteur de la thèse Le partage du mouvement, ancrée dans sa pratique du contact-improvisation.

Aatt enen tionon spectacle
40 min. / Grand studio rez-de-chaussée
Boris Charmatz

En 1996, Boris Charmatz crée Aatt enen tionon – un trio schizé, suspendu au bord du vide. Avec ce titre insolite – comme un étirement de la matière linguistique du mot attention –, il invente un dispositif scénique radical, isolant les trois interprètes les uns des autres : au lieu de les réunir à la surface de la scène, Boris Charmatz fait le choix de les superposer sur une structure de métal verticale – tour de guet ou dispositif carcéral. Cette transformation de la perception des corps dans l’espace se répercute à tous les niveaux de la représentation : entre les danseurs, sans possibilité de contact, mais aussi au niveau de leur appréhension sensible et des échos que produisent leurs mouvements dans cette zone limitée. Seulement vêtus d’un t-shirt qui découpe leur corps, ils se tiennent sans cesse au bord : au bord du vide, au bord d’eux-mêmes. Corps coupés, découpés, isolés, contraints, ensemble-séparés, ils fabriquent une danse organique et paradoxale, une chorégraphie de solitude et de silence.

Dance floor dancefloor
60 min.
Grand studio rez-de-chaussée
Plongez pour une heure de dancefloor sur des musiques de Médéric Collignon.

boléro 2 spectacle
18 min. / Atrium rez-de-chaussée
Odile Duboc, Boris Charmatz, Emmanuelle
Huynh

Matériaux sonores Boléro de Maurice Ravel (Orchestre symphonique de la RAI de Milan sous la direction de Sergiu Celibidache) En 1996, après avoir signé le Projet de la matière, Odile Duboc crée trois boléros, oeuvre séminale, dont la structure sérielle et le jeu de variations sur un thème musical eu une influence majeure sur la danse contemporaine française. Utilisant toutes les possibilités rythmiques offertes par trois orchestrations de l’oeuvre de Ravel, Odile Duboc a conçu trois ensembles : le premier basé sur l’accumulation de mouvements, le second sur un corps-à-corps éperdu et le troisième sur un vaste mouvement choral pour vingt et un danseurs. C’est à Boris Charmatz et Emmanuelle Huynh qu’elle confie l’interprétation du duo central : ensemble, ils vont élaborer cette lente étreinte où les deux corps s’appuient l’un sur l’autre, s’élèvent ou se fondent en un même organisme en mouvement, suspendu hors du temps. Marqués par cette pièce qui tient « de l’abandon et de la douceur, de l’attirance, du désir, de la fusion et de l’arrachement » selon les mots d’Odile Duboc, Boris Charmatz et Emmanuelle Huynh ont continué à danser ce duo avant de créer leur propre version étirée, étrangler le temps.