10.11 > 15.12.18
CN D Pantin
Dans le cadre de L'invitation aux musées
Laurence Rassel & Mar Villaespesa Commissaires
Variation sur l’exposition Esther Ferrer. Todas las variaciones son válidas, incluida esta présentée au Palacio Velazquez du Musée Reina Sofía à Madrid (du 26 octobre 2017 au 25 février 2018), la sélection des oeuvres pour le CN D explore les différentes formes abordées par l’artiste : actions, photographies, dessins, vidéo, oeuvres sonores, entre autres. Des nombres premiers au nombre de pas, au rythme du temps, l’expositiqon invite à marcher, compter, écouter, calculer, à se mettre en mouvement suivant différentes combinatoires. Le public est invité à faire usage d’objets simples : bâton, corde, chaises, pendule, mis à sa disposition, et selon les instructions conçues par Esther Ferrer : toutes les versions sont valables, y compris celles-ci.
Esther Ferrer
Née en 1937 à Saint-Sébastien (Espagne), installée à Paris depuis les années 1970, Esther Ferrer est principalement reconnue pour sa pratique de l’art corporel, qu’elle décline sous forme de performances, de photographies, de vidéos, d’installations, d’oeuvres sonores, de poésies et de conférences. Artiste autodidacte, elle s’est d’abord formée aux sciences sociales et au journalisme, rédigeant des articles sur l’art ou sur le féminisme, avant de se consacrer à l’art performance dont elle est l’une des pionnières en Espagne. Après avoir monté un « Atelier de libre expression enfantine » avec le peintre José Antonio Sistiara, elle rejoint en 1967 le groupe Zaj, collectif qui revendique l’héritage de Duchamp et de Cage, proche dans l’esprit de Gutaï et de Fluxus. En totale autonomie, elle y expérimente des actions radicales, en lien étroit avec la musique (notamment celle des compositeurs Juan Hidalago et Walter Marchetti), rencontre Wolf Vostell et Joseph Beuys. Née pendant la guerre civile et ayant grandi sous la dictature franquiste, elle conserve de sa jeunesse un goût féroce pour la liberté et la résistance, concevant l’art comme un moyen d’émanciper le sujet. Cet activisme se retrouve dans son travail photographique, débuté dans les années 1970, des autoportraits cousus ou brodés par lesquels elle exprime notamment son plein engagement féministe. Son minimalisme, basé selon ses propres termes « sur la rigueur de l’absurde », associe humour et force conceptuelle dans des dispositifs dépouillés à l’extrême. Le détournement et l’ironie président en effet à l’élaboration de ses performances, où le corps est invité à manipuler des matériaux élémentaires ou à exécuter des actions simples (compter, mesurer, marcher, porter sur la tête…). Privilégiant l’idée à la forme, et entretenant un rapport critique à la production d’objet, elle refuse le spectaculaire comme le recours au pathos. Ses recherches portent une attention toute particulière à la notion de temps, à la mise en scène de soi ou encore à la répétition.
Représentante de l’Espagne à la Biennale de Venise de 1999, plusieurs fois primée dans son pays, Esther Ferrer a fait l’objet de nombreuses expositions monographiques à travers le monde, notamment au Musée national centre d’art Reina Sofía (Espagne), au Frac Bretagne (Rennes), au MAC/VAL (Vitry-sur-Seine) ou au Musée Guggenheim (Bilbao).
Esther Ferrer est représentée en France par la Galerie Lara Vincy (Paris).