L’invitation aux musées

© Hommage à Bosch, Esther Ferrer, années 80
© Hommage à Bosch, Esther Ferrer, années 80

10.11 > 09.12.18

CN D Pantin

Six lieux d’art transforment le CN D en musée éphémère et vivant
 

Assumant plus que jamais le projet d’être un centre d’art pour la danse, le CN D invite six lieux d’art à le transformer en un musée éphémère et vivant. Ouvert à tous les champs de l’art, le CN D est devenu l’un des centres névralgiques du décloisonnement entre les disciplines grâce à une programmation hétéroclite (mêlant spectacles, performances, expositions, concerts, conférences d’artistes, projections, clubbing, show de cabaret) et l’aménagement d’une galerie d’exposition au sein de ses espaces. Cette nouvelle initiative prolonge donc et appuie ce geste d’ouverture pour mieux en réaffirmer l’ambition : conjuguer la création au pluriel et se constituer en une scène pleinement hybride.

Il s’agit peut-être aussi de réparer une impolitesse. Si le siècle dernier s’était ouvert avec l’invitation des Ballets russes de Diaghilev lancée à Bakst, Matisse, Derain, Braque, Picasso ou de Chirico à collaborer avec les chorégraphes, le XXIe siècle a vu la tendance clairement s’inverser et les musées se constituer en puissance invitante de la danse. Xavier Le Roy, Boris Charmartz, Anne Teresa De Keersmaeker ou Jérôme Bel, pour ne citer qu’eux, investissent ainsi régulièrement les espaces d’exposition à travers le monde, conviés à réinventer les modalités du spectacle dans des dispositifs extra-scéniques. Il était donc grand temps de retourner cette invitation et de renouer avec la tradition d’hospitalité des arts vivants.

Les partenaires ont été choisis pour la singularité de leurs projets culturels, la richesse de leurs collections ou de leur action en direction de la performance, sans établir de hiérarchie entre des institutions d’envergure internationale (l’Institut d’Art de Chicago, le Musée national centre d’Art Reina-Sofía, Serralves - Musée d'art contemporain), des centres d’art marqués par leur originalité (le MAGASIN des horizons) et d’autres projets aux profils plus singuliers (le Musée de la danse, le Musée éphémère de la mode). Chacun délègue son projet à un commissaire référent, reconnu pour son engagement dans le champ des arts performatifs – Hendrik Folkerts, Béatrice Josse, Cristina Grande, Laurence Rassel et Mar Villaespesa – et parfois déjà impliqué dans des collaborations antérieures avec le CN D – Olivier Saillard, Boris Charmatz. L’invitation aux musées leur offre l’occasion de déranger leurs habitudes, de rompre avec les logiques de la conservation et de détourner les contraintes muséographiques du white cube. Proposition leur est ainsi faite d’imaginer in situ, dans le bâtiment de Pantin, une forme d’exposition encore à inventer, à laquelle doivent s’ajouter un événement performatif et une intervention scientifique.

Prendre l’exposition d’art à bras-le-corps, donner à l’œuvre les moyens d’une incarnation vivante et penser le partage de toutes les plasticités, tels seront les mots d’ordre de ces week-ends d’effervescence créative. Aux musées, à présent, de rentrer dans la danse.