Panorama Pantin

Le Brésil au CN D

© Patricia Almeida
© Patricia Almeida

05.03 > 25.04.20

CN D Pantin

Le festival de Rio de Janeiro s’installe au CN D pour trois semaines de spectacles, performances, tables rondes, rencontres, fêtes.

Certaines invitations valent pour offres d’asile. En réaction aux mesures populistes du gouvernement de Jair Bolsonaro qui ont amené à l’annulation de l’édition 2019, le CN D accueille le festival brésilien Panorama, véritable foyer de résistance et de réflexion critique, sans équivalent sur le continent sud-américain. Considérant le Brésil comme une Zone Artistique à Défendre, le CN D prend explicitement position aux côtés de ses artistes, aujourd’hui menacés par la mise en œuvre d’une politique identitaire et rétrograde, traduite par la suppression du ministère de la culture et la réduction drastique des subventions publiques. Dans ce contexte particulièrement sensible, donner de la visibilité à des propositions minoritaires, ou minorées, a tout d’un geste politique. Il prolonge l’action du festival qui depuis sa création en 1992, à l’initiative notamment de Lia Rodrigues, a mis en lumière la création émergente locale et organisé son dialogue avec la fine fleur de la création contemporaine internationale.

Aujourd’hui dirigé par Nayse López, Panorama poursuit cet engagement sur le territoire en diffusant les productions d’artistes souvent exclus des réseaux institutionnels. Fidèle à ce positionnement, l’édition pantinoise réunit de jeunes compagnies, pour certaines en voie de professionnalisation, plus habituées aux tiers-lieux qu’aux scènes officielles. En trois chapitres, reprenant chacun un axe temporel (futur, passé, présent), la programmation aborde la question du corps à travers les prismes de l’éducation, de la technologie, de la pensée décoloniale, de la censure ou de l’information dans les démocraties actuelles. Cette réflexion politique se poursuit lors de tables rondes et de rencontres, consacrées notamment à la question des droits des minorités (LGBTQI+ ou Indigènes). Conscient du coût écologique d’un tel déplacement, le CN D profite également de la venue du festival pour organiser des tournées européennes, à l’instar du spectacle de Luiz de Abreu programmé dans plusieurs villes de France et de Belgique.

En devenant l’hôte de ce hors les murs transcontinental, le CN D consolide des liens noués avec les chorégraphes brésiliens ces dernières années, depuis Wagner Schwartz, Calixto Neto, Marcelo Evelin et Nayse López, invités lors des précédentes éditions de Camping, à Volmir Cordeiro, artiste associé entre 2017 et 2019. Mais il affiche aussi et surtout son intention d’en créer de nouveaux, d’affirmer la solidarité internationale et d’oeuvrer à la définition de l’art comme plein acte de résistance.

Presse Panorama