Spectacle

Dominique Bagouet

Jours étranges (1990)

Dominique Bagouet, Jours étranges © Christian Ganet, 1990
Dominique Bagouet, Jours étranges © Christian Ganet, 1990

23 > 25.03.23

CN D Pantin

Re-création par Catherine Legrand (2023) pour six interprètes

Pour faire ressurgir l’empreinte de Dominique Bagouet, Catherine Legrand a choisi de revisiter Jours étranges, que le chorégraphe a créée au début de sa maladie. Parce qu’elle y perçoit l’immensité de son talent et la multiplicité de ses sources d’inspiration – lovée chez les interprètes ou dans la musique, dans l’écriture savante qu’il développait lui-même ou dans de simples jeux d’enfants –, Catherine Legrand prend le parti de traverser l’opus avec de fidèles interprètes du répertoire Bagouet : leur goût pour sa danse et leur virtuosité à l’incarner se font ici les vecteurs de sa vitalité́ et de son urgence.

« Je me souviens de ces soirées à tendance “beatnik” bercées par la voix chaude de Jim Morrison, le climat de ces “Strange days” correspondait parfaitement au désarroi de notre adolescence qui cherchait alors, dans ce qui est devenu une sorte de mythologie, ses propres valeurs et vivait aussi d'obscurs désirs mal définis de révolte contre les normes et les codes établis. » Dominique Bagouet, juillet 1990.

Élève de Rosella Hightower à Cannes dès 1965, Dominique Bagouet reçoit un enseignement classique et trouve son premier engagement chez Alfonso Cata au Ballet du Grand Théâtre de Genève en 1969. L’année suivante il danse dans la compagnie de Félix Blaska puis entre aux Ballets du XXème siècle de Béjart à Bruxelles. L’expérience dure deux ans. De retour à Paris en 1974, Dominique Bagouet prend des cours avec Carolyn Carlson et Peter Goss. Il part ensuite aux Etats-Unis où il découvre les techniques issues des écoles américaines. En 1976, à son retour en France, il présente sa première chorégraphie : Chansons de nuit au Concours de Bagnolet. Il fonde alors sa propre compagnie. Jusqu’en 1979, il crée quatorze pièces, parfois dans l’urgence et pas toujours de façon satisfaisante. Avec Ribatz, Ribatz ! et Voyage organisé, le jeune chorégraphe commence à s’imposer et trouve un havre : la ville de Montpellier qui accueille la compagnie et lui donne les moyens d’exister puisqu’il est invité à mettre sur pied et à diriger le Centre chorégraphique régional de Montpellier. Il créera d’ailleurs dans cette ville le Festival International Montpellier Danse qu’il dirigera jusqu’en 1982. A Montpellier, Dominique Bagouet va créer Insaisies (1982) jusqu’à Necesito, pièce pour Grenade (1991), ultime commande réalisée pour célébrer le 500e anniversaire de la ville espagnole. Avec des pièces comme Déserts d’amour (1984), Le Crawl de Lucien (1985) ou Assaï (1986), Dominique Bagouet impose clairement sa personnalité et son style. Toutes ces pièces sont marquées par un style gestuel très recherché et subtil : jeux des pieds et des mains, inclinaison particulière du torse… sans aucun maniérisme et d’une redoutable précision. Il s’est entouré notament de Christian Boltanski, Pascal Dusapin pour Le Saut de l’ange (1987), Tristan Murail pour Déserts d’amour ou l’actrice Nelly Borgeaud pour Meublé sommairement (1989), adaptation chorégraphique d’un roman d’Emmanuel Bove. Il disparaît en 1992.