Spectacle

A Sparkling Dark Underground

Ana Borralho & João Galante
Mistermissmissmister

Ana Borralho & João Galante, Mistermissmissmister © Patricia Leal
Ana Borralho & João Galante, Mistermissmissmister © Patricia Leal

29.09.17 — 00:00

Silencio

Créée en 2002, la première pièce d’Ana Borralho & João Galante est un objet performatif inclassable, à la frontière du peep-show, du jeu de séduction et de l’installation vivante. Dispositif d’interaction sensuelle, procédant par glissement des codes et des genres, Mistermissmissmister implique directement les spectateurs dans une circulation d’affects et d’états érotiques.Le « trouble » qui structure la pièce ne concerne pas seulement l’ambiguïté des corps donnés à voir ; il se répercute à tous les niveaux de la perception, déplaçant les habitudes du regard et défaisant les frontières entre objet et sujet du désir. Surexposés, offerts dans une pose lascive, les trois interprètes, mi-homme, mi-femme, décalés de toute assignation sexuelle, forment une surface de projection fantasmatique. Tels des Olympias énigmatiques, ils/elles font face aux trois spectateurs ayant choisi de rentrer dans le jeu pour la durée de leur choix. Entre eux, la seule médiation d’un casque diffusant des chansons d’amour : dans cette configuration sensorielle, l’imaginaire érotique, libéré, se déploie, les enveloppe ; les regards se croisent, se répondent, laissant libre cours à toutes les dérives... Une esthétique du trouble, qui s’appuie sur une relation asymétrique – que l’on soit en position de spectateur-acteur, interagissant avec un performeur, ou en position de spectateur-voyeur, observant le développement de la « scène » depuis un canapé. En attendant, peut-être, de mettre les écouteurs, et de devenir soi-même regardant-regardé...

 

Depuis 2002, Ana Borralho & João Galante développent une œuvre protéiforme, détournant et mélangeant les genres, utilisant la performance, la danse, le son ou la vidéo pour introduire du trouble dans les catégories représentatives : celles de public et d’interprète, d’homme et de femme, de réel et de fiction. Chacun de leurs projets met en place un véritable « dispositif social », débordant les frontières de la scène pour exposer des parcelles de réalité, comme dans Atlas en 2011, ou Trigger of Happiness, leur dernière création.