Spectacle

Alain Buffard

Mauvais genre

Alain Buffard, Mauvais genre. © Marc Domage
Alain Buffard, Mauvais genre. © Marc Domage

30.03 > 01.04.23

CN D Pantin

Re-création par Matthieu Doze et Christophe Ives (2023)

Comment, d’une solitude, faire communauté ? À partir d’un idiome inventé seul, déployer les inflexions d’une langue partagée, construire l’horizon d’un événement collectif ? En 2005, dans le prolongement de Good for..., Alain Buffard remet une nouvelle fois sur l’ouvrage la figure de Good Boy et procède à son élargissement à la manière d’une démultiplication de singularités. Composé comme une fugue chorégraphique dont les interprètes, hommes et femmes, forment les contrepoints, Mauvais genre active un paysage de contrastes et d’échos : une architectonique de corps répartis dans l’espace, entre lesquels le regard circule – mesurant des écarts, des répétitions, des modes d’appropriation spécifiques de cette matière. Les outils forgés pour le solo sont redistribués selon de nouvelles lignes de faille, arrachés à leur matrice d’origine pour être recalibrés, rendus poreux à d’autres opérations esthétiques et politiques. Bien loin d’une armée de clones, le groupe fait émerger des solitudes en archipel ; chaque danseur, à partir de ses propres questionnements, se réapproprie les objets de Good Boy, les métabolise et les remet en circulation, dans un mouvement infini d’exploration et de transmission.

Formé à la danse par Alwin Nikolais, Alain Buffard fait la rencontre déterminante des chorégraphes américaines Yvonne Rainer et Anna Halprin. Interprète pour Daniel Larrieu ou Régine Chopinot entre autres, il signe Good Boy en 1998, un solo aussi radical et direct qu’un manifeste. L’œuvre d’Alain Buffard est en perpétuelle évolution mais expose depuis ses débuts des problématiques récurrentes. Après une période marquée par les interrogations sur l’art, le corps et le genre, le chorégraphe prend la tangente dans des propositions qui ne permettent plus d’ignorer que la grande question de la danse c’est le corps, enjeu et lieu du politique. Sa dernière pièce, Baron samedi, a été créée au Théâtre de Nîmes les 24 et 25 avril 2012.