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Séminaire

Chorégraphies

16.01 > 19.06.19

INHA

Écriture et dessin, signe et image dans les processus de création et de transmission chorégraphiques (XVe-XXIe siècles)

Descriptions verbales, représentations de la figure, conceptualisation du corps en mouvement et images des traces, du « chemin » sur la page devenue « sol métaphorique », les notations et partitions chorégraphiques révèlent la complexité des réseaux de relations techniques, esthétiques, matérielles entre arts visuels et création chorégraphique. Ces objets essentiels à l’histoire de la danse s’inscrivent également dans une histoire du livre, des publications scientifiques, une culture de la représentation technique des arts. Traités, recueils ou notes de chorégraphes relèvent de notations et de systèmes d’écriture multiples, sans cesse renouvelés, qui mêlent parfois images du danseur et transcription de la fluidité du mouvement dans des créations composites, dans l’hybridation du signe et de la figure dont il s’agira d’analyser les sources et correspondances visuelles (histoire de l’ornement, art des jardins, chronophotographie,…). À partir des fonds conservés à la Bibliothèque nationale de France et au Centre national de la danse, le programme invite à penser la place des pratiques graphiques et de l’image dans la création chorégraphique et dans ses processus de transmission, depuis les premières expériences du xvie siècle jusqu’aux créations et interprétations contemporaines, quand le recours au dessin comme outil de l’exploration esthétique interroge aussi le statut des créations graphiques et de l’image, supports transitoires, traces du processus somatique, en deçà de l’oeuvre.
 

« Danses sur papier » : quelles perspectives entre écriture et dessin ?

Cette séance introductive permettra, à partir de l’écriture Beauchamps-Feuillet, d’interroger les représentations graphiques de la danse « mise sur le papier » en revenant sur plusieurs recueils de danse du début du XVIIIe siècle, leur genèse et leur intégration dans un phénomène éditorial nouveau. Il s’agira de saisir les enjeux de métiers, de techniques, les implications esthétiques d’un tel recours au livre et à la gravure pour conserver et transmettre la danse. Objets visuels, entre écriture et dessin, ils nécessitent une « lecture » sensible, par le geste, et permettent une réinterprétation permanente, rassemblant approche pratique et analyse historique. Une table-ronde permettra également d’aborder de manière croisée les différents fonds de partitions et de traités chorégraphiques conservés à la Bibliothèque nationale de France et au Centre national de la danse afin de présenter les corpus au coeur de ce nouveau programme de recherche.

Intervenants : Marie Glon (université Lille 3), Laurent Barré (CN D), Juliette Riandey (CN D), Mathias Auclair (BnF)


L’écriture Conté, outil de composition et/ou de transmission en danse ?

Dans cette présentation, il s’agira de s’intéresser aux spécificités du système d’écriture du mouvement conçu par Pierre Conté dans les années 1930, au regard de la formation, des sources (notamment la biomécanique d’Étienne-Jules Marey) et du projet de son auteur. En s’appuyant sur l’analyse de deux fonds de partitions (Fonds Conté conservé à la BnF et Fonds Crang conservé à la médiathèque du CN D), on s’intéressera à certains des usages en matière de composition chorégraphique et de transmission qui
en ont été faits jusqu’à nos jours.

Intervenante : Sophie Jacotot (EHESS / Labex CAP)
 

Trisha Brown : dessiner, noter, interpréter

En 1976, Trisha Brown présente Locus pour la première fois et montre publiquement le rôle du dessin dans son processus de création. Elle présente une « partition » constituée d’un diagramme qui organise la génération et la spatialisation du mouvement. Le dessin s’assume alors comme un outil de création et de transmission, dans une proximité remarquable avec l’art minimal et conceptuel. Susan Rosenberg reviendraainsi sur les pratiques graphiques de Trisha Brown et la place qu’elles occupent dans sa carrière. Un point de vue mis en dialogue avec celui d’une danseuse et notatrice, Marie-Charlotte Chevalier qui a travaillé à la transcription de Newark en cinétographie Laban à partir de nombreux fonds d’archives et d’entretiens.

Intervenantes : Susan Rosenberg (université St John, New York), Marie-Charlotte Chevalier (danseuse et notatrice)
Modération : Marcella Lista (Centre Pompidou)

 

Figurer le mouvement dans les traités de danse et de jeux sportifs de la première modernité

Marina Nordera : « Come nel presente disegno si dimostra » : les planches gravées de Le Gratie d’Amore de Cesare
Negri (1602)


Cette contribution propose une analyse de la codification et de la représentation du corps dansant dans les planches gravées par Leone Pallavicino d’après les dessins de Mauro Rovere pour Le Gratie d’Amore de Cesari Negri (Milan, 1602). Le processus de publication de ce traité sera étudié dans le cadre de la production artistique et de la
culture visuelle milanaise de cette époque et en relation aux techniques de danse qui en constituent l’objet. En particulier, dans 16 des 29 planches l’attention est portée au corps masculin dansant en situation d’apprentissage. Ces images ne se limitent pas à illustrer le texte, mais contribuent à transmettre une certaine conception de la corporéité, ainsi que des qualités posturales, gestuelles et dynamiques par lesquelles ces partitions corporelles visent à mettre en mouvement le lecteur, qui
devient danseur.


Antonella Fenech Kroke : Le geste et la règle. Techniques du corps et du jeu

Pendant la première modernité s’engage un processus qui vise à la formation et à l’idéalisation de l’homo sportivus et fait écho à la normalisation des techniques ludiques et corporelles engagée par une littérature dont l’essor remonte au XVe siècle. Dans de nombreux traités des jeux, les images sont appelées à visualiser les contenus textuels tout en façonnant une nouvelle norme ludique. Dans ma contribution je prendrai en considération le potentiel des images qui est mis à profit par cette littérature
consacrée aux pratiques sportives en vue de la fixation, de la transmission et de l’apprentissage des pratiques ludicosportives.

Intervenantes : Marina Nordera (université Côte d’Azur), Antonella Fenech Kroke (centre André Chastel)

 

Photographie, biomécanique et praxéologie motrice : les sciences auxiliaires dans la notation et la reconstitution de la danse antique de 1895 à nos jours

En introduisant l’outil photographique et la chronophotographie, les travaux de Maurice Emmanuel ont engagé en 1895 un tournant inédit dans l’étude de la danse antique. À l’approche esthétique et historique, se mêlait
la question de l’écriture chorégraphique qui inspira notamment Eva Palmer et Isadora Duncan dans leur processus de recréation et de transmission du geste antique. Ces travaux ont été poursuivis dans les années 1960 par Germaine Prudhommeau avec la cinématographie, puis par Marie-Hélène Delavaud-Roux. Aujourd’hui, les humanités numériques et les sciences cognitives permettent de revenir de manière nouvelle sur la notation et la culture visuelles du geste chorégraphique et de la danse antiques.

Intervenante : Audrey Gouy (EPHE)
Introduction : Marine Kisiel (musée d’Orsay)