Spectacle

jeune public
Emmanuel Eggermont et Robyn Orlin

Twice

Twice, La methode des phosphenes © Frédéric Iovino
Twice, La methode des phosphenes © Frédéric Iovino

17 > 19.04.19

CN D Pantin

Dans le cadre de Twice, Emmanuel Eggermont et Robyn Orlin, deux chorégraphes aux univers esthétiques très différents, ont travaillé pour la première fois à la conception d’une pièce pour le jeune public. Interprétées par un même duo de danseurs, ces deux écritures forment un programme sensible autant qu’engagé, qui reflète deux manières d’aborder le monde, de le danser et de le partager. Dans La méthode des phosphènes, Emmanuel Eggermont s’est laissé guider par ces phénomènes lumineux qui se forment à la surface de la rétine pour imaginer une danse aussi fluide et éphémère qu’une impression colorée. Rêveurs de mondes transitoires, les danseurs suivent le chatoiement lumineux comme une partition, une trace imaginaire génératrice de mouvement. Fidèle à l’intransigeance qui caractérise son travail, la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin a choisi d’aborder l’altérité et les phénomènes de violence et rejet qu’elle suscite en l’adressant à ceux qui en sont les premières victimes : enfants ou adolescents, très tôt confrontés à la question de la discrimination. In order to be them, we must be us... opère une transformation du regard et de la perception de l’altérité par la compréhension de sa propre intériorité : « Afin d’être eux, il faut être nous-mêmes. »

Longtemps interprète, notamment pour Raimund Hoghe qui a composé pour lui plusieurs solos, Emmanuel Eggermont élabore une danse faite de matières et de textures, où la couleur, la lumière et les formes générées par les corps accèdent à une vie autonome. Depuis Éloge de la main et Vorspiel, il marie questions philosophiques et phénomènes physiques, comme dans Polis, premier volet d’une série autour de la notion de monochromie, qui utilise des nuances et des strates de noir pour interroger l’idée de cité.
Artiste tout-terrain, menant ses projets chorégraphiques aussi bien au théâtre qu’à l’opéra ou dans les musées – Robyn Orlin renvoie sans relâche à la société sud-africaine post-apartheid un reflet sans concession. Depuis If You Can’t Change the World Change Your Curtains (1990) jusqu’à Oh Louis, la question du pouvoir et de ses représentations est au coeur de son oeuvre. Détournant les codes esthétiques, entremêlant les époques et les genres, elle cherche à faire émerger des images paradoxales réfléchissant la violence des structures de domination – tout en laissant résonner les voix de ceux qui ne sont pas entendus.