Écritures du mouvement

Commissaire d'exposition : Claire Rousier
Conseillères scientifiques : Jacqueline Challet-Haas et Annie Suquet
Rédaction des textes : Jacqueline Challet-Haas, Claire Rousier et Annie Suquet
Graphisme de l'exposition : Agnès Dahan
 

La danse s'écrit, la danse se note.

Quelle étonnante affirmation ! Peu de gens savent en effet que la chorégraphie s'est dotée tout au long de son histoire de nombreux systèmes de notation aux vocations très variées. Mais peut-on vraiment noter un mouvement ? Difficile à imaginer alors qu'il semble évident à tous que l'on puisse écrire une langue et lire une musique grâce à des partitions. Les gestes paraissent insaisissables comme s'ils conservaient leurs secrets pour ceux-là même qui les produisent.

Depuis le XVe siècle, plus d'une centaine de systèmes de notation du mouvement ont vu le jour. De cette histoire, l'exposition présente les temps forts et les figures marquantes : du manuscrit de Cervera au XVe siècle jusqu'aux transcriptions chorégraphiques d'artistes d'aujourd'hui, en passant par les dessins de Blasis au XIXe siècle ou encore les partitions de Laban et de Benesh au XXe siècle. Elle met en lumière la grande diversité des formes d'écriture. Chaque système témoigne en effet d'une manière singulière de comprendre le mouvement, marquée par le contexte historique et l'imaginaire culturel de la société dans laquelle il apparaît. Un certain nombre d'influences mutuelles se dessinent aussi comme, par exemple, les emprunts assumés de Laban au système Feuillet. 

À la multiplicité des formes répond la diversité des fonctions. Tantôt simple aide-mémoire dans le processus de travail, tantôt support d'apprentissage, voire de création, la notation est au coeur des questions de constitution, de préservation et de transmission des répertoires. Elle s'affirme aussi comme un outil remarquable pour analyser les composantes du mouvement et les styles. À ce titre, son utilisation dépasse largement le champ de la danse : l'anthropologie y fait notamment appel pour comprendre la spécificité culturelle des comportements moteurs.

La puissance graphique des systèmes développés invite à les regarder comme autant de dessins dont la force et la diversité séduisent. Ces « écritures du mouvement » qui précèdent, traversent et prolongent le travail chorégraphique nous offrent autant de parcours possibles au sein des processus de création des oeuvres.