Artistes en expérimentation

Le dispositif « artistes en expérimentation » au CN D à Lyon s’adresse aux équipes artistiques en France ou à l’étranger pour leur offrir un temps de recherche, d’expérimentation, de création et de présentation studio aux professionnels du territoire. Pensé comme un laboratoire de recherche, une tentative d’obtenir ou de réaliser un travail artistique, sans attente de résultat, ce dispositif de soutien à la création porte une attention particulière à l’émergence chorégraphique et à la découverte artistique. Sa vocation est d’apporter aux artistes d’ici et d’ailleurs une visibilité sur le territoire de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Chaque saison, d’octobre à mai, le CN D à Lyon propose à huit équipes artistiques de travailler une semaine en studio avec une présentation studio à l’issue de la résidence. Ce temps de partage se déroule sous un format de vingt à trente minutes de présentation (en conditions studio) par l’équipe artistique accueillie, suivi d’un échange avec les professionnels présents.

Apport du CN D : € 1 800
En conséquence, les équipes artistiques accueillies sont constituées de 5 personnes maximum.

Artistes en expérimentation 2022-2023

Sasha Amaya
10.2022

Artiste travaillant dans la danse, la chorégraphie, l'installation et le design d'espace, l’artiste canadienne Sasha Amaya s'attache particulièrement à la façon dont les récits et les techniques historiques sont façonnés, utilisés, rejetés et réutilisés dans l'art contemporain. Ses médias de prédilection sont la musique, le mouvement, la danse, l'histoire de l'art, le collage, l’écriture et l'architecture. Son travail d'artiste et de performeuse a été présenté en Allemagne aux Sophiensaele, Uferstudios, Haus der Kulturen der Welt et LAKE Studios ; en France à la Cité Internationale des arts et à l'Abbaye du Royaumont ; en Angleterre à Somerset House à Londres ; en Suède à l’Institute Goethe en coopération avec le Royal Institute of Art et au Canada à aceart inc. À côté de son travail artistique, elle écrit régulièrement sur la danse et l'art pour des publications allemandes et internationales. En plus de sa formation en danse au Canada, en Allemagne et en France, elle détient un Master en Architecture et Études urbaines de l'Université de Cambridge et une formation Post-Master du Royal Institute of Art de Stockholm. Sasha Amaya s’intéresse aux réinterprétations de l’histoire de l’art occidental. Dans sa pièce Sarabande (2020), elle explore l’histoire de la danse et les enjeux de la politique internationale à travers la reconstitution de danses baroques. Avec Orfeo (2022), elle travaille à partir de l’opéra de Monteverdi (1607) pour entamer une recherche sur la possibilité et la signification de la tradition et de la technique dans le format de l’art contemporain. Sasha Amaya se consacre aujourd’hui à la troisième pièce de sa série avec Solo for Boy with Dog qui, à travers le prisme du portrait, permet d’analyser notre compréhension et notre reproduction des concepts de la beauté masculine, du pouvoir et de la sensualité dans l’Europe de l’Ouest. Sasha Amaya est invitée comme artiste en expérimentation au CN D à Lyon pour une première semaine de résidence sur ce nouveau projet, et poursuit le développement de son travail à Tanzhaus Zürich en 2023. sasha-amaya.com

Lily Brieu Nguyen
11.2022

Lily Brieu Nguyen, née en France en 1998, est une artiste chorégraphique qui travaille autour de formes multidisciplinaires et collaboratives intégrant des questions sur l'appropriation culturelle, les hiérarchies des arts et la décolonisation. Sa danse est intimement liée au son. Diplômée du CNSMD de Lyon en 2018, Lily Brieu Nguyen passe par le travail de différents chorégraphes tels que Yuval Pick ou Maguy Marin. Elle développe sa propre recherche à travers de multiples collaborations avec le département de musique électroacoustique. En 2018, elle co-crée la Compagnie iel, un jeune collectif s’engageant dans une réflexion sur les stéréotypes de genre à travers des performances pluridisciplinaires. En 2019, elle fait partie du post-diplôme Recherche et création artistique (RCA) qui regroupe l’ENSBA Lyon, l’ENSATT et CNSMDL où elle présente deux pièces Planula et Trio3, aux Subsistances. Parallèlement, elle est interprète pour la création Excelsior avec la compagnie Chiasma en Italie. Elle vit aujourd’hui entre Montpellier et Bruxelles où elle achève le master STUDIOS à l’école P.A.R.T.S. en 2021.YUMMY YUMMY (titre provisoire), est le projet d'une forme dansée et musicale s’appuyant sur des techniques de cuisine d’Asie du Sud-Est. Il s’agit d’une collaboration entre la chorégraphe Lily Brieu Nguyen et la compositrice chinoise Qingqing Teng. Dans les communautés des différentes diasporas en Europe, une grande place est donnée à la cuisine. C’est une forte pratique de transmission et d’expression et parfois le seul héritage laissé aux futures générations avant même leur langue d’origine. Les cuisines évoluent et se transforment au contact de l’Europe en relation à l’histoire coloniale ou de l’intégration culturelle. Prendre comme matériel nos cuisines et les transformer en un dialogue artistique avec un public revient à visibiliser et se réapproprier le discours sur nos identités.

Clémence Baubant
12.2022

Clémence Baubant est une chorégraphe basée entre l’Hexagone et la Guadeloupe dont elle est originaire. Nourrie par une histoire caribéenne, elle cultive un goût pour la métamorphose, les objets protéiformes, le déséquilibre, les points de bascules, l'insaisissable. Tissant une obsession pour les questions de mémoire, de trace et de transmission, elle pose sa réflexion sur le sujet de l'identité, comme endroit de friction et de porosité entre les corps. La question de la transversalité a toujours été au centre de son dialogue avec le champ chorégraphique. Sa physicalité explore le dialogue entre le corps, la voix, le rythme et le son. Une recherche autour de la déconstruction de l’idée que l’on se fait du « groove ». En 2019, elle est chorégraphe lauréate du dispositif « Prototype VI » à l'Abbaye de Royaumont dirigé par Hervé Robbe. Depuis 2019, elle est partenaire du laboratoire de recherche LLA créatis (Lettres, Langages et Arts) de l'université Toulouse II, dans le cadre de son propre projet de recherche pédagogique : « Création d'outils méthodologiques pour la composition décloisonnée entre danse et musique ». En juin 2022 elle fait partie des finalistes du concours chorégraphique Danse Élargie qui a réuni 18 créations internationales, sur le plateau du Théâtre de la Ville à Paris. Dans son travail, Clémence Baubant met fortement en jeu la question du rythme. Fascinée par les capacités d'adaptabilité du corps humain, elle défend une esthétique basée sur une grande physicalité et sur une expressivité du corps. La notion de dépassement, dans un sens jubilatoire détermine son de travail. Elle milite pour la beauté sauvage d'une poétique brute, directe, voir guerrière. PARADES est le premier volet d'une collection de soli fictions chorégraphiques explorant les rites et les mythologies de la Caraïbe. C'est avant tout un espace de recherche et d'expérimentation mettant en jeu le corps, le souffle et la voix. Une recherche nourrie par un canevas d'inspirations intimes : la figure iconique de Joséphine Baker, des personnages symboles de l’ambivalence comme le Jumbi ou la Bèt long dans la mythologie caribéenne et la pratique musicale du Bouladjel (inventoriée comme patrimoine immatériel par la France) en Guadeloupe. Il y a l'envie de réveiller des fantômes, de questionner des mythes enfouis et de réinventer un imaginaire héroïque. Une recherche aussi intime qu'universelle sur nos bricolages identitaires, sur le tropisme des corps navigants dans une identité composite. compagnieempreintes.com

Maxime Cozic
01.2023

Maxime Cozic commence la danse à huit ans par le hip-hop, avant de se frotter à d’autre styles plus académiques : modern-jazz, classique, contemporain. Après la formation à Bordeaux proposée par Antony Égéa, l'une des figures du hip-hop de la deuxième génération, il devient interprète de Laura Scozzi pour Barbe-neige et Les 7 petits cochons au bois dormant avant de collaborer avec Mourad Merzouki, Fouad Boussouf, Michael Lemer et Étienne Rochefort, mais aussi Dominique Rebaud et Yann Lheureux. Il a créé sa compagnie Felinae, en référence aux félins qu’il admire et qui lui sont une source d’inspiration, en 2019. Il aime donner à voir au plateau une intériorité et une qualité de mouvement. Il est en recherche d'une gestuelle habitée, qui allie exigence et approche intuitive. Après son premier solo, Emprise, présenté en 2020 à Suresnes cités danse, il travaille dans le cadre de cette semaine d’expérimentation sur son nouveau projet Oxymore, un duo, qui sera créé en avril 2023 à Klap/Maison pour la danse à Marseille. Oxymore se présente comme un duo s’inspirant d’une situation assez banale de sortie de boîte de nuit de deux individus assez éméchés. « La friction entre les corps qui se dégage de l’accès de violence ou du trouble de l’humeur de façon général, et de l’état d’euphorie ou d’excitation permis par l’ivresse, m’intéresse particulièrement dans les excès qu’elle donne à voir entre les personnes. Je suis sensible à la dimension physique de l’archétype de l’ivrogne, caractérisé par un corps titubant, déséquilibré et déstructuré, autant qu’à son pendant comportemental tel que la prise de parole hésitante et ou incompréhensible, voire incohérente. J’aime utiliser comme matériau pour le duo, l’ambiguïté qui découle du lien qu’entretiennent les gens entre eux lorsqu’il est perturbé par la prise d’alcool. » Le titre fait référence à une figure de rhétorique qui vise à rapprocher deux termes en apparence opposés et répond à l’envie du chorégraphe de ne pas oublier la poésie qui a pu naître de rencontres a priori improbables.

Alexandre Goyer
02.2023

« Second cast » est le terme qu’on utilise dans le jargon pour désigner la seconde distribution. C’est également le nom de la compagnie fondée en 2021 par le chorégraphe interprète Alexandre Goyer. Il commence la danse à huit ans avant d’entrer au conservatoire d’Angers en jazz puis au ballet junior de Genève en 2016, où il découvre et se forme à la danse contemporaine. Après avoir découvert l’univers d’artistes tels que Emmanuel Gat, Jan Martens ou Sharon Eyal, il est interprète dans différentes compagnies, notamment pour le chorégraphe Sylvain Groud. Auditionneu·r·se·s ? est sa première pièce de groupe. Elle traite d’un sujet plutôt méconnu du grand public puisqu’il s’agit, comme son titre l’indique, des auditions. Mode de recrutement privilégié du monde chorégraphique, l’audition est un exercice difficile et parfois traumatisant mais aussi une expérience constructive et un challenge gratifiant. À l’origine du projet se noue une volonté de comprendre et saisir les enjeux de cette pratique pour les danseurs et danseuses et donner à voir cette réalité au public. Auditionneu·r·se·s ? met en exergue les points de vue, les sensations de quatre interprètes en situation d’audition. C’est une invitation à découvrir leurs pensées et les événements qui rythment ces moments, finalement méconnus. Quelle place laisse-t-on au doute, à l’imperfection, à la singularité de chacun quand il s’agit de se vendre ? Autant de questions que pose la compagnie dans cette nouvelle création.

Caroline Boillet
03.2023

Caroline Boillet est à la fois monteuse d’images, chorégraphe, performeuse, et documentariste. Soutenue par les Tuning scores, les questions féministes intersectionnelles et la pratique somatique Feldenkrais, elle s’intéresse au dialogue des sens et enquête, dans le studio comme au quotidien, sur le désir, les processus pour apprendre à survivre et les systèmes de traduction et d’empowerment mutuel pour faire ensemble.  Monteuse pour les éditions Contredanse, notamment de la publication Anna Halprin Danser la vie, coréalisatrice du documentaire sonore A bras le corps sur l’autodéfense féministe, elle s’intéresse à la documentation des pratiques et leur persistance dans le temps.  Depuis presque quinze ans, elle cultive la collaboration avec Lisa Nelson à travers l'œuvre des Tuning Scores, et la développe dans des collaborations à long terme avec Pascale Gille, Baptiste Andrien, Franck Beaubois, Anouk Llaurens, Mathilde Monfreux et dans VISION, sa première pièce. Artiste indépendante, elle invite et est invitée pour faire de la recherche et performer en Europe dans des ensembles qui se renouvellent. Pour le projet VISION, Caroline Boillet travaille à partir de photos trouvées, des photos d’anonymes prises par des anonymes, rendant visibles des duos de personnes queer. Croisant ces images d'archive avec les Tuning scores de Lisa Nelson, elle propose de faire le playback de ces photos et d'apprendre à bien les regarder pour en hériter. Comment faire mémoire ? Quelles nouvelles histoires sommes-nous capables d’écrire ? 

Baptiste Cazaux
04.2023

Après une formation en danse classique à Biarritz, Baptiste Cazaux intègre en 2015 le ballet junior de Genève sous la direction de Sean Wood et Patrice Delay. Au sein de la compagnie, il danse des pièces de chorégraphes de renommée internationale, notamment Olivier Dubois, Barak Marshall, Roy Assaf, Sharon Eyal et Thomas Hauert. Maintenant danseur interprète et chorégraphe, il travaille en Suisse et en Belgique avec des chorégraphes tels que Jozsef Trefeli, Perrine Valli, Jan Martens et Ayelen Parolin. Il présente ses créations dans différents théâtres et festivals suisses et internationaux : le Théâtre Sévelin 36 (Lausanne, CH), le Far° (Nyon, CH), l’ADC (Genève, CH) ou encore le festival Artdanthé (Vanves, FR). Il est actuellement artiste associé à L'Abri (Genève, CH) ainsi qu’au Théâtre Sévelin 36 (CH) et est soutenu par le Réseau Grand Luxe. Accueilli pour effectuer un travail de recherche autour de sa prochaine création, GIMME A BREAK !!!, il présentera son solo en mars 2024 dans le cadre du festival Les printemps du Théâtre Sévelin 36. GIMME A BREAK !!! est pensé comme une performance expérimentale intime, à la fois chorégraphique et musicale. « Ma recherche prend racine dans une quête personnelle de catharsis et d'intensité. Je m’inspire pour cela de la musique breakbeat (drum and bass, hardcore, breakcore), de la méditation de pleine conscience, de la batterie et du headbanging. À travers ces influences, je cherche à créer un corps à la fois conscient et engagé physiquement de manière intense, ainsi qu’une expérience musicale et rythmique pour le public et pour moi-même. »

William Cardoso 
06.2023

Dans le cadre d’un partenariat avec le TROIS C-L – Centre de Création Chorégraphique Luxembourgeois
William Cardoso commence la danse au conservatoire de musique d’Esch-sur-Alzette (Luxembourg) avant d’intégrer l’école de danse professionnelle d’Anne Marie Porras – EPSE Danse à Montpellier. Durant sa formation, il explore le matériel chorégraphique de Pina Bausch, Hofesh Shechter, Akram Kahn, Anne Marie Porras, Thierry Malandain, Virgile Dagneaux… Il passe également par le cours Florent qui va lui permettre d’explorer le monde du théâtre. En 2018, William Cardoso débute sa carrière en tant qu’interprète sur la scène internationale pour Florence Peake et Eve Stainton, Olivier Dubois, Anne Marie Porras, Clara Villalba, Giovanni Zazzera, Sarah Baltzinger, Jill Crovisier, Fabian Thomé, Himherandit Productions et Léa Tirabasso.  La même année, il remporte le premier prix du concours chorégraphique A Pas De Loup à Saint-Gély-du-Fesc mis en place par la communauté de communes du Pic Saint-Loup qui lui permet de créer son tout premier travail : Verdura.  Actuellement, William Cardoso développe sa propre recherche en tant que jeune créateur. Il a deux œuvres en tournée, Raum (duo) et Dear mum (solo). Début 2022, William est nominé au Danemark dans la catégorie meilleur danseur 2021 pour le prix Reumert. « Danser pour oublier, danser pour célébrer, danser pour avancer ». La pièce de groupe Baby est un hymne à la différence, à la liberté d’être et à l’amour de l’autre. Cette recherche chorégraphique pose la question de la normalité dans la société actuelle. William Cardoso explore ici « les différences, les doutes, les peurs d’être mais aussi la liberté insufflée grâce à l’acceptation de soi, des autres et l’amour qui en découle. La recherche chorégraphique, intense et pleine de questions, sans réponses parfois, sera sombre et brillante à la fois, triste et joyeuse, obscure et pleine d'espoir. Elle sera la métaphore de la complexité du monde dans lequel nous évoluons. »