02 > 04.03.18
Hors les murs
La collection Portraits du CN D se propose de traverser en une demi-heure et àpartir de montage d’extraits de spectacles, le travail d’une ou d’un chorégraphe en privilégiant un axe dans la richesse profuse des matières dansées.
Alain Buffard, les théâtres du moi
30 min.
Dès Good Boy, son premier solo, ou le premier qui compte, Alain Buffard met en scène son propre corps, ses forces et ses faiblesses, ses puissances et ses fragilités. Il ne cessera plus ensuite d’inventer des mises en scène parfois très théâtrales qui lui serviront à réfléchir à ce qui fonde et fabrique une identité trouble et peut-être tremblante (le tremblement est une figure qui fait souvent retour chez lui). Masques, tee-shirts, perruques, costume de polystyrène, chaussures à talons compensés, corps fragmentés : les pièces de Buffard, de More et encore à Wall dancin’ – Wall fuckin’, inventent une grammaire de l’identité : qu’est ce qui fait qu’on ressemble à quelqu’un d’autre, et comment passer d’un genre à l’autre, d’un visage à l’autre et comment ces passages incessants peuvent-ils fonder une communauté ?
Volmir Cordeiro, Panoplies
2017, 15 min.
Il y a toujours un moment dans les pièces de Volmir Cordeiro – qui sont surtout, pour l'instant et dans sa jeune carrière, des solos ou des quasi-solos – où le vêtement prend tout son sens. Par exemple, il danse dans une tunique noire et flottante qui ne cache rien, ou il baisse son collant et le remonte, ou il s’enroule dans des tissus de couleur ou bien encore il se colle deux scotches noirs sur les yeux. À quoi lui sert toute cette panoplie ? Sans doute à montrer que le regard suit des codes – des codes sociaux aussi bien que vestimentaires – et que ce qu’il cherche à danser, avec ses membres gigantesques qui déchirent et déstabilisent l’espace, c’est justement une danse qui déconstruise les regards et les normes convenus.
Noé Soulier, écriture sur écriture
2017, 15 min.
L’écriture est un motif qui hante le travail de Noé Soulier. Soit qu’il commente et explique à voix haute sa propre danse en la dansant, soit qu’il écrive le mouvement en référence volontaire aux codes de la danse classique, soit qu’il écrive des phrases précises que les danseurs s’approprient à leur façon, les commençant et les achevant où ils veulent – à chaque fois, il s’agit de réfléchir à ce que l’écriture a et peut apporter à la danse. C’est sans doute cette croyance en la fécondité de la chorégraphie qui fait la singularité du chemin que Noé Soulier commence seulement à explorer.
Solitude(s) Mathilde Monnier
30 min.
La danse de Mathilde Monnier est habitée par la thématique de la solitude. Si dans ses pièces les danseurs sont nombreux, sur le plateau, chaque danseur se détache par son individualité et sa façon de trouver sa place dans le groupe ou en solo. Dans Tempo 76, c’est un unisson qui rythme la pièce, obéissant au métronome de la musique de Ligeti, chaque danseur est à la fois un corps commun et un corps singulier. Dans Déroutes, les interprètes vivent leurs parcours sur un même plateau se rencontrant où se croisant au fil du hasard de leurs marches. Les Lieux de là, aussi, à leur façon, raconte l’histoire de la dispersion d’une communauté qui n’en finit pas de se reconfigurer. Duos et trios – figures du lien – sont fréquents dans la grammaire de Mathilde Monnier, mais ce qui prédomine ce sont des danses solitaires, de véritables solos ou des solos à plusieurs (voir les errances rock de Publique), où chacun, chacune, se laisse entraîner par son propre mouvement et sa propre dérive.