SpectacleCaravane

Gustavia

Mathilde Monnier & La Ribot

04.03.18 — 18:30

Hors les murs

Quand la chorégraphe française Mathilde Monnier rencontre l’Espagnole La Ribot, c’est pour créer Gustavia, un univers où l’esprit de Tati, Keaton, Chaplin et d’autres grandes figures du burlesque n’est jamais loin. Souffrant d’un profond dédoublement de la personnalité Gustavia est un monde en soi, sombre et fou. Répétition, accident, techniques du renversement, du coup et de l’esquive, ce duo absurde et loufoque détourne à son compte toutes les techniques et ressorts propres au comique de situation. Sous l’apparente gratuité de mouvements, dans l’excès de parole comme dans son absence se cache un désir d’aborder de grands sujets classiques et intemporels : la femme, la mort, le théâtre, la représentation, l’artiste. Occasion rare de voir deux créatrices aux parcours impressionnants réunies sur une même scène, Gustavia est une œuvre drôle et percutante. Une bouffée d’air frais.

 

La Ribot
Danseuse, chorégraphe, artiste visuelle, La Ribot manie tous les matériaux qui passent àsa portée avec une énergie jubilatoire. Initiées en 1993, les séries des Pièces distinguées n’ont cessédepuis d’étendre leurs ramications dans toutes les directions – défaisant les frontières rigides entre les espaces et les disciplines. Elle travaille aussi bien dans les musées comme la Tate Modern qu’avec le Ballet de Lorraine, ou en collaboration avec Mathilde Monnier pour la pièce Gustavia. En 2000, elle amorce un travail vidéo fondé sur le « corps-opérateur », offrant un vertige de sensations contradictoires, comme dans Mariachi 17. La Ribot est artiste associée au CN D.

 

Mathilde Monnier
Venue à la danse tardivement et après une expérience de danseuse dans la compagnie de Viola Farber et François Verret, Mathilde Monnier s’intéresse àla chorégraphie dès 1984, alternant des créations de groupe et des créations solos, duos. De pièce en pièce, elle déjoue les attentes en présentant un travail en constant renouvellement.
Ses questionnements artistiques sont liés àdes problématiques d’écriture du mouvement en lien avec des questions plus larges comme « l’en commun », le rapport àla musique, la mémoire. Sa nomination à la tête du Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc-Roussillon en 1994 marque le début d’une période d’ouverture vers d’autres champs artistiques ainsi qu’une réflexion en acte sur la direction d’un lieu institutionnel et son partage. Ses spectacles tels Pour Antigone, Déroutes, Les lieux de là, Surrogate Cities, Soapéra ou Twin paradox sont invités sur les plus grandes scènes et festivals internationaux. Elle alterne la création de projets qu’elle signe seule avec des projets en cosignature, rencontrant différentes personnalités du monde de l’art : Katerine, Christine Angot, La Ribot, Heiner Goebbels... Depuis janvier 2014, elle dirige le CN D Centre national de la danse implantéàPantin et àLyon.

Sous son impulsion, ériger aujourd’hui le CN D en centre d’art pour la danse, c’est réafirmer que la danse est le lieu de l’indiscipline par excellence, en s’appropriant et en inventant des rapports toujours nouveaux avec les autres champs artistiques.