06.04.18 — 19:00
CN D Pantin
7 Dialogues
Les 7 Dialogues imaginés par DANCE ONENSEMBLE ont tout d’un laboratoire musical et chorégraphique. Chaque membre de la compagnie s’est associé pour l’occasion à un chorégraphe ou metteur en scène, dans le but de créer un solo en forme d’autoportrait. Pourlier le tout, le compositeur Matteo Fargion, directeur artistique du projet, leur a proposé une structure musicale unique : celle du lied Erlkönig de Schubert, inspiré par Le Roi des aulnes de Goethe, qui met en scène une créature fantastique qui hante les forêts. Cinq extraits seront présentés dans les espaces du CN D. Le danseur américain Ty Boomershine a rencontré pour l’occasion l’univers minimaliste de la chorégraphe Beth Gill, figure de la jeune avant-garde new-yorkaise, formée à la Tisch School of the Arts. De l’autre côté de l’Atlantique, l’Allemande Brit Rodemund s’est essayée à une collaboration avec Lucy Suggate, danseuse indépendante reconnue au Royaume-Uni pour la force et l’engagement de ses solos. D’autres ont choisi de travailler avec des artistes formés au théâtre. Le metteur en scène et plasticien Tim Etchells, dont la compagnie, Forced Entertainment, jouit d’une renommée internationale, s’est prêté au jeu avec Jone San Martin, ancienne danseuse de Forsythe, également devenue chorégraphe. Christopher Roman, directeur artistique de DANCE ON ENSEMBLE, a quant à lui sollicité un artiste inclassable qui travaille à la frontière de la performance, du théâtre et de la danse : Ivo Dimchev, actuellement établi à Bruxelles. S’y ajoute Frédéric Tavernini, danseur et chorégraphe formé à l’École de danse de l’Opéra de Paris, passé au cours de sa carrière par le Béjart Ballet Lausanne, le Ballet de l’Opéra de Lyon ou le Ballet de Marseille. Autant de voix originales, au style forgé par des décennies d’expérience, et de dialogues – reliés par la trame musicale tissée par Matteo Fargion – dans lesquels danseurs, chorégraphes et metteurs en scène sont égaux devant le travail chorégraphique.
Tenacity of Space
Deborah Hay ne s’est jamais attachée à un vocabulaire. La grande dame de la danse post-moderne poursuit dans Tenacity of Space sontravail fondamental sur la pratique comme moyen d’élargir l’horizon du danseur. Avec les danseurs de DANCE ON, elle a cherché les conditions expérimentales permettant à leur expérience de s’exprimer dans l’espace. Le titre de la pièce est venu par hasard de Moisson, roman de Jim Crace, qui évoque la transformation cataclysmique d’une communauté agricole. Tenacity of Space est né sur fond d’élection de Donald Trump et de migration syrienne, auxquels Deborah Hay, qui voit dans la danse sa « forme d’activisme politique », répond par le mouvement pur, un travail presque « bouddhiste » qui part du champ visuel de chaque danseur. Après avoir travaillé avec des interprètes de tous niveaux, la chorégraphe américaine a recentré sa pratique sur les danseurs expérimentés, et a trouvé dans DANCE ON des partenaires chevronnés. La question de l’âge la touche particulièrement, dit-elle : « J’ai dû trouver un autre moyen d’avancer avec ce que je pouvais faire, qui n’avait pas à voir avec l’endurance physique ou la virtuosité. » À ces derniers, Deborah Hay préfère une élégance sobre et la recherche de ce qui continue à faire danse quand on laisse de côté les effets éprouvés. Tenacity of Space est à son image, elle qui cite volontiers Gaston Bachelard et sa Poétique de l’espace : « L’immensité est en nous. Elle est attachée à une sorte d’expansion d’être que la vie refrène, que la prudence arrête. »
Deborah Hay a mené la danse postmoderne sur tous les terrains. Après s’être formée auprès de Merce Cunningham, elle a fait partie des membres fondateurs du Judson Dance Theater dans les années 1960, et développe depuis une pratique expérimentale variée qui l’a amenée à travailler avec des amateurs comme avec des danseurs de tous âges. En 2013, elle est devenue la première chorégraphe à présenter ses méthodes, par ailleurs détaillées dans quatre livres, sur le site interactif Motion Bank.
- Programme de salle pdf 2.2 MB