Spectacle

Boris Charmatz
Emmanuelle Huynh
Odile Duboc

étrangler le temps
boléro 2

Boris Charmatz et Emmanuelle Huynh, étrangler le temps © Ursula Kaufmann
Boris Charmatz et Emmanuelle Huynh, étrangler le temps © Ursula Kaufmann

13 > 15.03.18

CN D Pantin
Annulé

Lors de l’ouverture du Musée de la danse en 2009 – placée sous le signe de la phrase de Tatsumi Hijikata, « je voulais étrangler le temps » – Boris Charmatz et Emmanuelle Huynh ont présenté une version ralentie de boléro 2, deuxième volet des Trois boléros d’Odile Duboc (1996). De ce ralentissement des gestes, de la musique, de cet étirement de l’étreinte, va naître le désir de réinterroger cette matière, traversée en tant qu’interprètes sous le regard et les indications d’Odile Duboc. Hommage à cette pionnière de la danse contemporaine – dont les notions de perméabilité du corps et de vertige des sensations ont eu une influence profonde sur eux – mais aussi geste d’auteur, injectant dans ce duo des traces issues de leur parcours de chorégraphes, étrangler le temps forme un bord entre deux époques : un concentré de temps. Sous l’action du ralentissement se dévoile un autre boléro. La lenteur obsédante de chaque mouvement, de chaque frôlement, démultiplie l’effet d’enlacement des corps ; elle produit des zooms, des effets de loupe sur la chair, sa perméabilité, ses zones de contact. Entre la pièce étranglée et sa version originale s’insère un dialogue qui nous parle d’interprétation, d’archive, de transmission. Dans l’extraction de ces états, de cette matérialité qu’Odile Duboc a consacré sa vie à explorer, et que les chorégraphes Emmanuelle Huynh et Boris Charmatz ont remis en jeu chacun à leur manière, s’écrit une autre histoire de la danse, par les corps qui l’ont faite et qui la perpétuent.

Chorégraphe et directeur du Musée de la danse, Boris Charmatz se définit avant tout comme danseur. Depuis le duo À bras-le-corps (1993), il utilise le médium danse pour creuser et déformer la matière chorégraphique dans le sens d’un épuisement de ses possibilités – comme dans Levée des conflits, manger ou plus récemment 10000 gestes (2017).
 

Danseuse, chorégraphe, directrice du CNDC d’Angers (2004-2012) et actuellement cheffe de l’Atelier Danse des beaux-arts de Paris, Emmanuelle Huynh a fait de la transmission et de la porosité entre les champs artistiques le coeur de sa pratique. Depuis Múa (1995), ses pièces confrontent la danse à d’autres bords, comme la poésie, l’art du bouquet japonais (Shinbaile Vol de l’âme, 2009), la musique (Cribles, 2009) ou l’architecture (A taxi driver, an architect and the High Line, 2016). 
 

Odile Duboc (1941-2010) a marqué l’histoire de la danse contemporaine en France, transmettant inlassablement ses convictions artistiques. Insurrection (1989), Projet de la matière (1993), trois boléros (1996), Comédie (1998), Rien ne laisse présager de l’état de l’eau (2005) comptent parmi ses pièces les plus connues du public. Elle dirigea le Centre chorégraphique national de Franche-Comté à Belfort de 1991 à 2008, tout en continuant à travailler avec des ballets d’opéra et avec des metteurs en scène. En 2009, elle continuera son travail de transmission et de mémoire. Françoise Michel, à la lumière, et Odile Duboc, à la chorégraphie, ont cosigné toutes les pièces depuis 1981. L’association Contre Jour, qu’elles fondent en 1983, est un clin d’oeil à cette étroite collaboration entre une chorégraphe et une éclairagiste.