21 > 25.10.24
Théâtre du Fil de l’eau – Pantin
Emma Bigé étudie, écrit, traduit et improvise entre les champs des études en danse, des études queers et des inhumanités environnementales. Traductrice et travailleuse du texte, elle a notamment écrit Mouvementements. Écopolitiques de la danse (La Découverte, 2023), coédité des livres sur l’improvisation en danse (Steve Paxton: Drafting Interior Techniques, 2019 ; La perspective de la pomme. Histoires, politiques et pratiques du Contact Improvisation, 2021) et cotraduit des écrivaines et écrivains transféministes anglophones (dont Jack Halberstam, Sara Ahmed, Alexis Pauline Gumbs, Karen Barad, Eva Hayward, Marquis Bey…). Curatrice, Emma Bigé a aussi créé deux expositions-en-danse, l’une sur l’histoire du Contact Improvisation (Musée de la danse, 2018) et l’autre sur l’œuvre de l’improvisateur nord-américain Steve Paxton (Culturgest, 2019) et elle mène un projet au long cours, Zone d’Atterrissage Temporaire, dédié à l’installation de zones à siester dans différentes villes d’Europe. Agrégée et docteure en philosophie, elle enseigne irrégulièrement l’épistémologie en écoles d’art et dans des centres chorégraphiques.
Née au Chili, Marcela Santander Corvalán se forme à Milan, puis au CNDC d’Angers. En parallèle de sa formation, elle étudie l’histoire et obtient une licence en danse à l’université Paris 8. Depuis 2011, elle a travaillé avec les chorégraphes Dominique Brun, Faustin Linyekula, Julie Nioche, Ana Rita Teodoro, Volmir Cordeiro. Elle collabore également avec le chorégraphe Mickaël Phelippeau sur plusieurs projets ainsi que pour la direction artistique de la manifestation À domicile à Guissény en Bretagne. Elle développe ses propres projets depuis 2014, date à laquelle elle entame une association avec le Quartz, scène nationale de Brest, qui lui offre un terrain d’expérimentation propice à la mise en œuvre de projets personnels. En février 2015, elle cosigne avec Volmir Cordeiro la pièce Époque. En 2016, elle crée son premier solo Disparue. Sa création, MASH, cosignée avec Annamaria Ajmone a été créée en 2017. En 2019, elle crée Quietos au Manège, scène nationale de Reims dans le cadre du festival Born to be alive. En 2020, suite à une invitation de la péniche la POP à Paris, elle signe avec Hortense Belhôte une conférence performée sur le thème de l’écoute intitulée CONCHA – Histoires d’écoute. En 2022, elle crée Bocas de Oro. Marcela Santander Corvalán a été artiste associée au Quartz, scène nationale de Brest, de 2014 à 2017. Elle est artiste associée à La Manufacture, CDCN Nouvelle-Aquitaine Bordeaux La Rochelle.
Hélène Giannecchini est écrivaine, théoricienne de l’art et enseignante. Docteure en littérature, elle est spécialiste des rapports entre texte et image. Elle a publié aux éditions du Seuil, dans la collection « La Librairie du XXIe siècle », Une Image peut-être vraie (2014), Voir de ses propres yeux (2020) et Un désir démesuré d’amitié (2024). Obsédée par les images, elle les regarde, les expose, les collecte, les écrit, les partage. Responsable du fonds Alix Cléo Roubaud, artiste à laquelle elle a consacré son premier ouvrage, son travail se situe à la croisée de la littérature, de l’histoire et de la théorie de l’art. Son deuxième livre, Voir de ses propres yeux, écrit à la Villa Médicis, est un roman qui mêle récit de deuil et histoire de l’anatomie et de la dissection. Ses recherches actuelles portent sur les archives queer de la seconde moitié du XXe siècle. Elle travaille notamment sur l’œuvre de la photographe Donna Gottschalk. Elle a également écrit, à partir d’images de la Gay, Lesbian Bi and Trans Historical Society de San Francisco, le livret de Cortèges. Cette pièce pour orchestre symphonique et électronique composée par Sasha Blondeau, chorégraphiée et interprétée par François Chaignaud, a été jouée à la Philharmonie de Paris en 2023. En 2021 et 2023, elle a été en résidence d’écriture au CN D pour poursuivre ses explorations sur les liens entre danse, image et écriture.
Archive Fever
« Et toi, c’est quoi ton archive ? Une question qui te fait peut-être trembler à la recherche d’un passé auquel tu aimerais pouvoir t’attacher, ou dont au contraire tu préférerais pouvoir te défaire ; une question qui te réjouit, si ça se trouve, parce que tu as des ancêtres, choisis et pas choisis, et que tu aimes les renommer ; ou alors une question qui t’angoisse parce que le présent est déjà vertigineux, alors on va peutêtre pas commencer à aller remuer le passé en plus. Nous sommes trois meufs queer, et à nous trois nous charrions, à même nos chairs, des archives sud et nord-américaines, européennes, latinx, (post)coloniales, blanches, pas blanches, écrivaines, danseuses, intermittentes, chômeuses, pédées, lesbiennes, bi, cis, trans, et nous nous demandons : qu’est-ce qu’on peut apprendre à passer du temps au contact de vies anciennes qui, comme nous et pas comme nous, ont été dans la galère, se sont trouvé des bandes de potes, se sont retrouvés seuls, ont créé des alliances avec des humains et aussi des pas qu’humains, ont fait la fête, aimé, lutté ? Comment les honorer ? On se pose ces questions en dansant, en lisant des textes et en regardant des images, en roulant par terre, en pratiquant des oracles tactiles, et mille autres choses. »