Spectacle

Cavaliers impurs

Latifa Laâbissi & Antonia Baehr

Latifa Laâbissi et Antonia Baehr, Cavaliers impurs © Anja Weber
Latifa Laâbissi et Antonia Baehr, Cavaliers impurs © Anja Weber

14 > 16.11.24

CN D Pantin

Après Consul et Meshie, objet performatif inclassable jouant avec le regard du public, Latifa Laâbissi et Antonia Baehr ont conçu ce deuxième duo comme une série de séquences hétéroclites, tissées ensemble par le fil de l’impur, de l’hybridation et du collage. Dans Cavaliers impurs, deux corps de tailles, de formes différentes passent les images et les références à la moulinette de leur intensité physique et vocale. Mélangeant leurs vocabulaires respectifs – le rapport à l’expressivité du visage, au travestissement des genres et des registres –, Latifa Laâbissi et Antonia Baehr entrelacent leurs univers au fil de numéros qui dynamitent les codes chorégraphiques et brouillent les pistes. Maison de conte, objet design, architecture éphémère, la boîte en carton géante de la scénographe Nadia Lauro leur sert simultanément d’abri, d’accessoire en kit, de tribune ou de podium sur lequel monter et démonter des figures tour à tour vulnérables ou combatives, témoignant d’une culture en morceaux. 

Antonia Baehr 

Au plus près du chorégraphique, Antonia Baehr s’intéresse aux règlements, aux lois qu’une société (et plus étroitement : l’espace du théâtre) assigne aux corps, afin de les rendre compréhensibles et reconnaissables. Également performeuse, cinéaste et artiste visuelle, la chorégraphe fouille la fiction du quotidien et du théâtre à la limite de ce qui nous définit en tant qu’humains – nous plaçant par une bascule voluptueuse dans une position critique. Ce faisant, elle ne s’en prend pas uniquement aux oppositions entre l’humain et l’animal, mais aussi aux évidences de l’espace de la représentation. Dans ses travaux, elle agit souvent avec des personnes partenaires, Neo Hülcker, Andrea Neumann, Latifa Laâbissi, William Wheeler et Valérie Castan…, dans une forme qui privilégie le changement de rôles : de projet en projet, chaque artiste devient l’hôte ou l’invité. En 2019, elle intervient en tant que Werner Hirsch dans la dernière vidéo Moving Backwards de Pauline Boudry et Renate Lorenz, présentée au Pavillon suisse de la 58e Biennale de Venise. Sa dernière collaboration avec Lucile Desamory, Die Besondere Perücke, est créee à Leipzig en février 2020. Antonia Baehr est aussi la productrice du souffleur aux chevaux et danseur Werner Hirsch, du musicien et chorégraphe Henri Fleur, du compositeur Henry Wilt et de l’émergeant compositeur de musique actuelle (et ex-mari) Henry Wilde.

Latifa Laâbissi 

Mêlant les genres, redéfinissant les formats, les créations de Latifa Laâbissi font entrer sur scène un hors-champ multiple où se découpent des figures et des voix. La mise en jeu de la voix et du visage comme véhicule d’états minoritaires devient indissociable de l’acte dansé dans Self portrait camouflage (2006) et Loredreamsong (2010). Poursuivant sa réflexion autour de l’archive, elle crée Écran somnambule et La part du rite (2012) autour de la danse allemande des années 1920. Pourvu qu’on ait l’ivresse (2016), création cosignée avec la scénographe Nadia Lauro, produit des visions, des paysages, des images où se côtoient l’excès, le monstrueux, le beau, l’aléatoire, le comique et l’effroi. Depuis 2011, Latifa Laâbissi assure la direction artistique d’Extension Sauvage, programme artistique et pédagogique en milieu rural (Bretagne). En 2016, une monographie sur l’ensemble de son travail paraît aux éditions Les Laboratoires d’Aubervilliers et Les Presses du réel. Son répertoire a été montré dans des musées internationaux tels que le musée CA2M à Madrid (ES), le Freud Museum à Londres (GB, 2014), le centre d’art Helio Oiticica à Rio (BR, 2016), la biennale de Taipei (TW, 2016), le MoMA PS1 à New York (US, 2017), le musée de Bolzano (IT, 2019), le MACBA à Barcelone (ES, 2021), le centre Pompidou à Paris entre autres. En 2018, elle crée avec Antonia Baehr la performance Consul et Meshie. Elles se retrouvent également en 2019 pour collaborer sur la vidéo Moving Backwardsdu duo d’artistes Pauline Boudry et Renate Lorenz, présentée au Pavillon suisse de la 58e Biennale de Venise. La même année, sa création White Dog fait le tour des festivals de Marseille, Tanz im August à Berlin, Automne à Paris et le festival TNB à Rennes, avant de poursuivre une tournée française et internationale. En 2021, la création Ghost Party (1) est une performance en duo avec la vidéaste néerlandaise Manon de Boer, à laquelle un film fait pendant en 2022, Ghost Party (2). Parallèlement, Latifa Laâbissi prépare une nouvelle pièce avec le chorégraphe brésilien Marcelo Evelin, intitulée La Nuit tombe quand elle veut : cette veillée voit le jour à l’automne 2021 au Festival TNB à Rennes. En 2022, Fugitive Archives est une grande forme commandée par le CCN Ballet de Lorraine à l’occasion du centenaire des Ballets suédois. Avec Antonia Baehr, elle présente trois numéros au festival MOVE 2021 du Centre Pompidou à Paris, qui s’enrichissent pour donner lieu à la création de Cavaliers Impurs à l’automne 2023 au HAU Hebbel am Ufer à Berlin (DE) et au Festival TNB, à Rennes (FR), où elle est artiste associée depuis 2021.

Nadia Lauro 

Nadia Lauro, scénographe et plasticienne, développe son travail dans divers contextes (espaces scéniques, architecture du paysage, musées). Elle conçoit des dispositifs scénographiques, des environnements, des installations visuelles. Ses espaces au fort pouvoir dramaturgique génèrent des manières de voir et d’être ensemble inédites. Elle collabore notamment avec les chorégraphes et performeurs Vera Mantero, Alain Buffard, Antonija Livingstone, Latifa Laabissi, Jonathan Capdevielle, Zeena Parkins, Antonia Baehr, Antonia Baehr, Jule Flierl, Yasmine Hugonnet, Nosfell, Emilie Rousset, Louise Hémon, Kate McIntosh, Marion Siéfert et Jennifer Lacey, avec laquelle elle co-signe de nombreux projets. Elle reçoit le prix The Bessies, New York Dance and Performance Awards pour la conception visuelle de $Shot (Lacey / Lauro / Parkins / Cornell). Elle conçoit une série d’installations/performance Tu montes, As Atletas, I hear voices et Garden of time, des environnements scénarisés développés dans divers lieux (musées, foyers de théâtre, galeries, jardins) en Europe, au Japon et en Corée.

Coproduction :
Hauptstadtkulturfonds, Berlin (DE) / HAU Hebbel am Ufer, Berlin (DE) / Le TNB - Centre européen théâtral et chorégraphique, Rennes (FR) / Centre chorégraphique national de Caen en Normandie, dans le cadre de "l’Accueil-studio", Ministère de la Culture et de la Communication (FR) / Festival d’Automne, Paris (FR) / CN D Centre national de la danse, Pantin (FR) / Fonds Transfabrik - Fond franco-allemand pour le spectacle vivant (DE/FR)

Avec le soutien de la Ménagerie de Verre, Paris, dans le cadre du Studiolab et du Theaterhaus Berlin

Figure Project reçoit le soutien du Ministère de la Culture – Drac Bretagne, au titre des compagnies conventionnées, du conseil régional de Bretagne, du Département d’Ille-et-Vilaine et de la Ville de Rennes.

make up productions / Antonia Baehr reçoit le soutien du Sénat de Berlin Département pour la Culture et la Communauté