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SESSION #6

Carrières et marchés du travail

Concours de Bagnolet 1985.
Concours de Bagnolet 1985. "Femme et coupable", Elisa Le Houx. Médiathèque du CND-Fonds Jean-Marie Gourreau

30.09.23 — 14:00

CN D Pantin

14:00 – 35 min.
Quelles carrières après le Prix de Lausanne ? Trajectoires de lauréates et lauréats et normes esthétiques d’un concours classique

par Laura Cappelle

Les concours de danse internationaux sont régulièrement mis à l’index, dans le monde international de la danse classique, pour l’intensité précoce de l’entraînement qu’ils exigent. L’impact réel de ces compétitions sur le maintien et la progression sur le marché du travail, ainsi que les normes qu’elles contribuent à fabriquer, restent toutefois à étudier, et cette communication vise à analyser dans une perspective sociologique les modalités de participation et les parcours professionnels des lauréates et lauréats d’un concours annuel ayant acquis une réputation significative : le Prix de Lausanne, réservé aux danseurs et danseuses classiques de 15 à 18 ans. Sera d’abord interrogée la corrélation entre réussite au concours et longévité et progression dans la carrière, en abordant de manière quantitative les trajectoires des lauréates et lauréats entre 1995 et 2000. Ces données seront ensuite croisées avec les résultats du Prix entre 2015 et 2020. Enfin, à partir de la liste des variations proposées sur les deux périodes étudiées, l’analyse sera étendue aux normes esthétiques et techniques appliquées aux candidates et candidats, afin de comprendre quel imaginaire de la danse classique est véhiculé par ce concours.

14:35 – 35 min.
Compétition et Corps, le cas du Keir Choreographic Award (KCA)

par Angela Conquet, Rebecca Hilton

En prenant comme point de départ le Keir Choreographic Award – KCA – le seul prix monétaire en Australie, cette communication propose une réflexion sur des notions situées de localité et d’identité nationale. En analysant le corps à corps entre les décisions du jury presque entièrement international et les spécificités et subjectivités chorégraphiques locales, la compétition sera considérée comme une transaction qui invite à une compréhension locale et localisante de l’espace-temps afin de proposer une choréo-politique du corps dansant situé. Avec l’exemple des politiques locales, seront interrogées des problématiques d’hégémonies esthétiques de pouvoir en vue d’offrir une méthodologie de « jugement » de la chorégraphie guidée par des concepts d’intelligence culturelle, de dramaturgies indigènes, de souveraineté esthétique et d’une subjectivité située du mouvement.

15:30 – 35 min.
Les concours de danse de l’Eurovision : échec ou succès ? Une analyse critique des contextes esthétiques et politiques des compétitions de danse télévisées

par Joanna Szymajda

Le concours de l’Eurovision pour jeunes dan-seurs existe depuis 1985, mais ce format inclut d’autres concours qui ont fait un bref passage sur nos écrans, comme le concours de danses de salon (Eurovision Dance Contest 2007 et 2008). Dans cette communication, je propose une analyse critique de cette forme de concours de danse télévisé, en me concentrant sur ses aspects politiques et esthétiques. Le concours de l’Eurovision est une compétition qui promeut des « valeurs européennes » popularisées sous une forme accessible et grand public. Toutefois, ces concours de danse n’ont pas gagné la même popularité que les concours de chant et n’ont pas suscité la même ferveur chez le public ; le nombre de pays participants était réduit et fluctuant, allant de 8 à 18 pays pour chaque édition. Mon but sera ici de réfléchir au potentiel compétitif de la danse, à la danse comme objet d’émission télévisée, et à la compétition comme facteur esthétique.

16:05 – 35 min.
La danse au service du marché : le prix de la quantification. Réflexion autour de l’arrivée du break aux J.O. de 2024

par Anne Nguyen

L’entrée du break aux Jeux olympiques 2024 révèle la vulnérabilité de l’individu face au marché du divertissement et met en évidence la gentrification de la culture hip-hop. Les battles actuels se déroulent devant un public majoritairement non-averti, dont les réactions sont importantes pour la viabilité d’une économie dépendante de la billetterie et des sponsors privés, poussant les danseurs à exécuter des mouvements spectaculaires, à préparer des enchaînements et à délaisser l’improvisation. L’exposition médiatique et les moyens financiers déployés par les grandes compétitions motivent de nombreux jeunes. Alors que ceux ayant accès aux écoles de danse s’y préparent, où sont ceux des quartiers prioritaires ? L’accès aux connaissances, au temps indispensable pour apprendre et s’entraîner, aux lieux nécessaires à la pratique corporelle, reste un privilège. Quelles cultures émergentes le fantasme politique associant le breakeur aux minorités et aux quartiers défavorisés contribue-t-il à invisibiliser ?