Recherche

SESSION #2

Histoires de concours

Studio Arax, Marathon de Nice, épreuve de 1932, Suzy Alberti et Henri Gasco. Musée Nicéphore Niépce, Ville de Chalon-sur-Saône © Cliché Adagp images, Paris, 2023
Studio Arax, Marathon de Nice, épreuve de 1932, Suzy Alberti et Henri Gasco. Musée Nicéphore Niépce, Ville de Chalon-sur-Saône © Cliché Adagp images, Paris, 2023

29.09.23 — 10:00

CN D Pantin

10:00 – 35 min.
Une approche micro-historique du concourir en danse au XVIe siècle en Italie : genre, techniques, distinction

par Marina Nordera

Au XVIe siècle, lors de rassemblements festifs en Italie du nord, les femmes et les hommes du peuple s’exhibaient dans des danses au vocabulaire riche et techniquement complexe. L’aspect compétitif de ces manifestations incitait les participants à élaborer par l’imitation, l’émulation et le défi un niveau croissant de virtuosité d’exécution, afin d’attirer l’attention d’un public varié. Par une approche micro-historique, cette contribution étudie un corpus de documents permettant de retracer l’organisation d’une compétition de danse impliquant des paysannes. Si concourir signifie agir à égalité dans la poursuite d’un même but, ici l’égalité se négocie en termes de relations de genre, de techniques du corps et de distinction sociale. Dans ce cadre, tout comme les pratiques dansées contribuent à consolider ou à mettre en question l’inégalité dans l’espace d’interaction sociale de la fête, la compétition participe à l’élaboration des savoirs techniques en danse.

10:35 – 35 min.
Les premiers concours de danse du Conservatoire national de musique et de déclamation, 1928-1935

par Hélène Marquié

Dans un contexte où l’enseignement traditionnel de la danse académique est de plus en plus critiqué et influencé par d’autres pédagogies et où l’Opéra de Paris exerce une hégémonie réelle et symbolique, la danse entre au Conservatoire national de musique et d’art dramatique en tant que discipline à part entière en 1926 seulement. Le premier concours doté de prix, sur le modèle de la musique et de l’art dramatique, a lieu en juillet 1928, et l’ouverture au public, comme pour les autres disciplines, en 1931. Ils perdureront malgré la suppression, en 1933, de l’enseignement de la danse, qui n’est plus effectué qu’à titre bénévole par Jeanne Chasles, puis par Jeanne Schwarz. L’intervention portera sur : la place de ces concours au sein du Conservatoire, les règlements, les jurys successifs ; les épreuves et leurs déroulements ; les valeurs et l’esthétique défendues ; les candidates et les lauréates ; la réception des concours par le milieu professionnel et par le public.

11:10 – 35 min.
1957. Le premier (et dernier) « Concours des jeunes chorégraphes » d’Aix-les-Bains

par Guillaume Sintès

En 1957, le Festival international de danse d’Aix-les-Bains accueille le 1er « Concours des jeunes chorégraphes ». Cet événement mondain pourrait paraître anecdotique. Il n'en est rien et ce pour trois raisons. Il marque d’abord un tournant dans le rapport de force entre le tout-puissant Serge Lifar et les milieux chorégraphique et journaliste, en France. Organisé dans le contexte du récent vote de la loi française sur la propriété intellectuelle qui étend le droit d’auteur aux chorégraphes, le concours est l’occasion de débats autant esthétiques que politiques. Enfin, la conjonction de la perte d’influence de Lifar et d’un consensus pour la reconnaissance internationale du droit d’auteur en danse constitue le terreau pour l’émergence d’une nouvelle génération de chorégraphes revendiquant tout à la fois la nécessité de nouveaux cadres artistiques et l’indispensable engagement syndical pour la défense des artistes de la danse.

11:45 – 35 min.
Défendre la danse contemporaine au cœur de la banlieue rouge : le concours de Bagnolet, une manifestation populaire et militante

par Mélanie Papin

Considéré comme la manifestation qui a permis l’avènement de la Nouvelle danse française, « Le Ballet pour demain » : le concours de Bagnolet, une manifestation populaire et militante aussi appelé « concours de Bagnolet », créé en 1969 par un ancien danseur de l’Opéra-Comique Jaque Chaurand (1928-2017) est né dans la « banlieue rouge », située au nord-est de Paris, dirigée depuis les années 1920 par des élus communistes et habitée majoritairement par la classe ouvrière. Si l’essentiel de la manifestation se déroule sur scène, une relation forte entre la danse contemporaine émergente et la politique culturelle communiste à l’échelle locale va favoriser le rassemblement des danseurs autour de questions politiques et sociales liées à la reconnaissance d’un champ chorégraphique contemporain en France. Cette communication se penchera sur la façon dont l’idée d’un concours de danse s’articule au militantisme des danseurs. Quelle promesse de rassemblement s’y construit ?