28.09.23 — 15:45
CN D Pantin
15:45 – 35 min.
Courir contre, courir avec : l’agôn comme figure culturelle
par Michel Briand
La culture hellénique, où concours se dit agón (cf. olumpiakoi agónes), est agonistique, comme la démocratie, alliant dissensus, émulation, coopération. En latin (con-currere = se rassembler, s’affronter), le concours se vit contre et avec. L’agôn, en résonance et dissonance avec le contemporain, dialogue aussi avec l’agonía (lutte athlétique, angoisse), le dieu Agôn, l’agorá (assemblée, marché). Trois types d’agôn s’entrecroisent : l’espace cinétique du rite ou festival (site sportif, aire de danses et chants, concours d’athlétisme, art, beauté, artisanat – on retrouve ces jeux de concorde et contestation dans les Jeux modernes, le ballroom du voguing, un battle de hip-hop, les réseaux dits sociaux ou certaines occupations de l’espace public) ; la temporalité ritualisée des jeux et du théâtre, à Athènes pour Dionysos, entre tragédie et carnaval ; l’espace-temps d’un procès. Antigone et Créon, chez Sophocle, mènent un agôn (ou joute), jugé par les dieux et le public.
16:20 – 35 min.
Cercles, défis et battles.
Figures de l’émulation en danse hip-hop
par Roberta Shapiro
En danse hip-hop aujourd’hui il est d’usage de distinguer deux grands champs de la pratique : battle et scène, compétitions et créations. Si cette partition binaire est simplificatrice, elle correspond cependant à une réalité institutionnelle. Depuis les débuts du hip-hop en France en 1982, on observe une variété de formats de la confrontation dansée, du jeu informel à la compétition institutionnalisée. J’en proposerai une typologie, puis décrirai le rapport complexe qu’entretiennent les deux grands processus en jeu : artification et sportification. Leur intrication se décèle dans le développement des battles chorégraphiés, dans la polyvalence des danseurs hip-hop, à la fois compétiteurs et artistes intermittents, dans l’assertion inlassable des athlètes que ce qu’ils font est de l’art, ou dans l’engagement des ministères à la fois de la Culture et des Sports. On conclura sur les questions que la sportification accélérée du break pose à l’ensemble de la discipline, via son entrée aux Jeux olympiques.
16:55 – 35 min.
La Capoeira Angola : un concours décolonial entre la danse, le sport et le jeu
by Ana Rita Nicoliello
Le but de cette intervention est de collaborer à la construction de la « cartographie culturelle » d’une « histoire socio-politique des sensibilités » proposée par ce colloque, en examinant la modalité de concours de la Capoeira Angola, une pratique somatique afro-latino-américaine hybride qui est, en même temps, danse, sport, lutte et jeu. Je souhaite réfléchir à la manière dont cette pratique met en évidence des valeurs éthiques et politiques décoloniales, et ainsi contribuer à une pensée critique sur les rapports entre la corporéité et la politique. À partir d’une analyse de son geste de base, la ginga, aussi bien que de ses aspects géo-historiques et de sa logique ludique et coopérative, je voudrais explorer comment les savoirs et les dynamiques développés par la Capoeira Angola mettent en place un projet micro-politique qui crée des espaces alternatifs d’émulation ritualisée et d’expression d’une culture marginalisée par la démarche coloniale.
18:00 – 75 min.
conversation avec Laëtitia Pujol, danseuse étoile, Nathalie Péchalat, danseuse sur glace, et Valentine Nagata-Ramos, danseuse de breakdance
Animée par Laura Steil