28.09.23 — 14:15
CN D Pantin
Danse et Olympisme : une symphonie inachevée
par Thierry Terret
Le titre provisoire de mon intervention est “Danse et Olympisme : une symphonie inachevée”. J’y montrerai que, malgré les réels efforts de Pierre de Coubertin puis de l’institution olympique pour consacrer l’alliance des arts et du sport, la danse fait exception. Elle est oubliée du concours d’art olympique pendant un demi-siècle puis demeure longtemps repoussée à la périphérie des JO, l’idée même de concours ou de compétition de danse relevant, pour les promoteurs de l’Olympisme, de l’impensé ou du déni.
Universitaire, recteur et chancelier des académies de la Réunion (2013), puis de Rennes (2016), délégué ministériel aux Jeux olympiques et paralympiques (2018-2022), Thierry Terret est aujourd’hui à la tête du vice-rectorat de la Polynésie française. Historien du sport auteur de quelque 75 livres sur le sujet, on lui doit notamment un Que-sais-je ? réédité à 6 reprises, les livres Éducation physique, sports et arts, XIXe-XXe siècles et Une histoire du sport féminin codirigés avec Pierre Arnaud, les 4 volumes-références Sport et genre, et, plus récemment, une série de 5 ouvrages intitulée Balades olympiques, qui interroge l’histoire des Jeux olympiques sous les angles politiques, économiques, médiatiques, sportifs, et éducatifs.
Que les jeux commencent ! Les valeurs de la compétition de danse en question, dans la rue, sur scène et à l’écran
par Sherril Dodds
La compétition dicte comment et pourquoi les corps se meuvent, au théâtre, à l’écran, et dans des contextes non-institutionnels. En tant que construction sociale, la compétition opère comme concours et commerce, et la danse a saisi ses enjeux de discipline, de résilience et de désir de dominer la concurrence. Ici, je propose un large panorama du dialogue entre danse et compétition, avant de me tourner vers l’idiome hip-hop du break (break-dancing ou b-boying), fondé sur la compétition. Je mets en lumière les manières dont le break croise les notions de compétition, en commençant par ses racines historiques dans le Bronx à New York, et son affiliation à une danse de la diaspora africaine. Je suis ensuite sa représentation comme pratique articulé autour de « battles », comme outil pédagogique dans le cinéma hollywoodien, et comme générateur de valeurs nouvelles pour la communauté à Philadelphie. Je poursuis par une spéculation sur la manière dont ces valeurs pourront être modifiées à l’heure où le break s’intègre au plus haut niveau des compétitions sportives avec l’entrée de la discipline aux Jeux olympiques de 2024 à Paris, en tenant compte de sa présence virale sur les réseaux sociaux. En me basant sur plus de dix ans de recherches ethnographiques menées à Philadelphie et en dialoguant avec des études en danse et en hip-hop, je m’intéresse à ce qui est gagné ou perdu dans ces concours et qui gagne en définitive.
Sherril Dodds est professeur de danse à Temple University. Ses publications incluent les ouvrages Dance on Screen (2001), Dancing on the Canon (2011), Bodies of Sound (2014), The Oxford Handbook of Dance and Competition (2019), The Bloomsbury Companion to Dance Studies (2019), et Facial Choreographies: Performing the Face in Popular Dance (2023). Elle a été chercheuse invitée à Trondheim University en Norvège, à Griffith University en Australie, à Stanford University aux États-Unis et à l’université Clermont Auvergne. Elle a reçu en 2015 le prix G. Lippincott pour son article “The Choreographic Interface: Dancing Facial Expression in Hip Hop and Neo-burlesque Striptease.” Elle pratique le break-dance à Philadelphie.