Rencontre

Julie Pellegrin

(NON) PERFORMANCE:
pratiques artistiques
et formes du refus

Julie Pellegrin - photo Celine Nieszawer
Julie Pellegrin - photo Celine Nieszawer

06.10 > 08.12.22

CN D Pantin

6.10
Conversation avec Yael Davids - EN

Yael Davids est née en 1968 dans le Kibbutz Tzuba (Jérusalem), elle vit et travaille à Amsterdam.

Yael Davids travaille avec le corps humain comme objet, espace et architecture pour exposer des questions de violence sociale. Elle l’aborde comme un « vaisseau documentaire » en relation avec l'héritage collectif, les narrations politiques et l’autobiographie. Composées d'éléments performatifs, sculpturaux et archivistiques, ses œuvres prennent souvent la forme d'assemblages chorégraphiques nourris d’art minimal et de danse postmoderne. Inspirée par le Dr Moshé Feldenkrais, Davids expérimente l'apprentissage somatique et les systèmes alternatifs de transfert et de production de connaissances. Elle adapte le potentiel de cette technique holistique à l'expérience de l'art. Elle invite les visiteurs non seulement à "voir" l'art, mais aussi à trouver une autre façon d'y accéder par le corps et des séquences de mouvement soigneusement exécutées.

24.11
Conversation avec Gisèle Vienne - FR

Née en 1976 à Grenoble, Gisèle Vienne vit et travaille à Paris.

Gisèle Vienne se définit à la fois comme chorégraphe, marionnettiste, metteuse en scène, plasticienne et cinéaste. Le lieu et le format qu’elle investit le plus souvent sont ceux de la scène mais le statut de ses pièces reste toujours indécis. Son “théâtre” – où le dispositif de la représentation est parfois réduit à son état le plus minimal – convoque tout ce qui ne se voit ou ne s’entend pas, pour évoquer la violence sociétale qui s’exerce sur les corps. Tout son travail envisage le corps comme le lieu propice à la remise en question de nos systèmes de perception culturellement construits, de leur critique et leurs possibles déplacements. A travers des formes de rituels collectifs qui empruntent autant au monde de la fête qu’aux danses urbaines, elle explore les corps qui se cherchent, les gestuelles qui résistent, les identités qui se dissolvent.

8.12
Conversation avec Pauline Curnier Jardin - FR

Née en 1980 à Marseille, Pauline Curnier vit et travaille à Berlin et à Rome.

Les films et les performances excentriques de Pauline Curnier Jardin revisitent des événements ou des personnages historiques à travers des scénarios symboliques ou allégoriques. Ses tableaux carnavalesques mettent en scène des acteurices non-professionnel.les (ami.es, détenues, prostituées) dans des décors de carton-pâte et des actions stylisées et en partie improvisées. Ils évoquent souvent sur des manifestations cathartiques collectives : parades, défilés, processions religieuses, et proposent des représentations de corps protéiforme, fondées sur un fantasme de métamorphose non limité par des rationalités normatives. Autant que des figures fantastiques, ses protagonistes pourraient être décrits comme des sujets politiques, qui portent la promesse progressiste d'une transformation pour tous-tes.

 

Penser ce que la performance nous fait plutôt que ce qu’elle est. En s’attachant à ses effets plutôt qu’à son principe, Julie Pellegrin propose de dessiner une politique de la performance à partir d’un ensemble de pratiques concrètes. Comme le souligne Jon McKenzie1 le terme même de performance désigne des réalités paradoxales : à la fois la discipline et l’expérimentation, l’injonction néolibérale qui véhicule un contrôle social et les formes artistiques qui lui résistent. Comment comprendre la tension entre les deux ? La performance entendue comme catégorie esthétique relève-t-elle de la « nonperformance » telle que l’a théorisée Fred Moten2, c’est-à-dire non pas un pur refus de performer mais un refus hautement stratégique de performer selon les normes et rationalités imposées ? Julie Pellegrin tente de répondre à la question en s’entretenant avec trois artistes autour de leurs pratiques respectives. Comment leurs stratégies de refus productif mettent en crise les systèmes de perceptions, de représentations et de dominations pour ouvrir de nouveaux imaginaires politiques ? Comment suggèrent-elles d’autres manières d’être et d’être ensemble ?  

Curatrice et critique d’art, Julie Pellegrin s’intéresse à la notion élargie de performativité. Depuis vingt ans, elle explore la manière dont les relations entre arts visuels, chorégraphie et théâtralité affectent l’écriture des expositions aujourd’hui. Pensionnaire à l’Académie de France à Rome-Villa Médicis, elle prépare un livre consacré aux politiques de la performance, et mène en parallèle une recherche sur les connexions entre pratiques artistiques et théories anarchistes.

 

1 John MacKenzie, Perform or else, Routledge, 2001
2 “Blackness and Nonperformance”, conférence, MoMA, New York, 2015