CampingProjection

Exposition de films

Galerie des portraits

Cindy Van Acker, géométriquement nôtre © CN D
Cindy Van Acker, géométriquement nôtre © CN D

14 > 25.06.21

CN D Pantin

La collection Portraits du CN D, conçue par la Cinémathèque de la danse, propose de traverser à partir de montages d’extraits de spectacles, le travail d’une ou d’un chorégraphe en privilégiant un axe dans la richesse profuse des matières dansées. Elle s’est enrichie d’une nouvelle série consacrée aux interprètes et à la manière dont il ou elle traverse chaque projet, en y apportant la singularité de son corps et de sa signature gestuelle. Cette exposition de films fait découvrir cinq portraits projetés en continu.

Christian Rizzo, mortellement – 2017 (30 min.)
Chez Christian Rizzo, le plateau est presque toujours sombre, cerné par la nuit, l’obscurité, la peur du noir et des méchants lapins (b.c., janvier 1545, fontainebleau). C’est que la mort est sans arrêt à l’horizon de ses pièces. Elle n’est d’ailleurs pas toujours effrayante. Parfois, bien sûr, elle a l’allure de pendus (Le Bénéfice du doute) ou d’un motard casqué qui rappelle les films de Cocteau (Comme crâne comme culte) mais elle est d’autres fois aussi douce que deux robes fantomatiques qui dansent sous les effets de ventilateurs (100% polyester). Douce ou cruelle, n’empêche, elle est ce qui rôde sans fin, entoure, console ou pétrifie, ce qui fait crier ou tomber les danseurs (Soit le puits…), ce qui menace de les immobiliser dans des postures figées. La danse de Rizzo est une danse avec ou contre la mort, où chaque mouvement est un signe finalement joyeux de survie.

Odile Duboc, fluduité – 2019 (30 min.)
Chaque chorégraphe a ses questions. L’une des questions d’Odile Duboc (1941-2010) était peut-être : comment faire en sorte que cela circule, que cela ne cesse pas, jamais, de circuler ? L’un des traits de la danse Duboc est qu’elle donne le sentiment d’une fluidité extraordinaire : comme si aucune forme n’était réellement figée dans son être mais ne cessait de passer par tous les états, de sensation en sensation. Corps oiseau de Projet de la matière et corps air de Vols d’oiseaux, corps vague de Rien ne laisse présager de l’état de l’eau et corps quasi marionnette d’O.D.I.L. : à chaque fois il s’agit de faire l’expérience d’un état assez flou, volontairement flou, pour que les frontières se dissolvent, pour que les muscles laissent circuler les énergies d’un corps à l’autre, pour que les groupes se composent et se décomposent l’air de rien. Dans quel but ? Peut-être s’agit-il, au bout du compte et avant tout, de conquérir le sentiment d’une liberté absolue, une liberté qui permet à l’être humain d’explorer en douceur, et en fluidité, tous les états de l’être.

Cindy Van Acker, géométriquement nôtre – 2020 (30 min.)
Que fait Cindy van Acker, chorégraphe belge née au Kansas et vivant en Suisse lorsqu’elle lance les bras en l’air et trace des gestes millimétrés et minimaux qui ressemblent à des figures géométriques ? Lorsqu’elle dessine sur la scène ses parcours à angles droits ou en courbes régulières ? Lorsqu’elle organise ses interprètes en ligne ou en carré dans l’espace et qu’elle les fait bondir en rythme savamment mathématique ? Sûrement qu’elle se transforme en géomètre précise de l’espace. À la voir, de film en film, visiter des sites différents, une plage, un champ de neige, une carrière, une forêt, on se dit qu’elle danse en arpenteuse des territoires, qu’elle explore à l’aide de la danse et de son corps les lieux où les humains pourraient ou devront habiter. On se dit qu’elle prend des marques pour reconnaître, telle une exploratrice, et faire le plan. Et ainsi, grâce à cette précise description des lieux, les danseurs finissent par trouver une façon de vivre ensemble. Peut-être harmonieusement. Comme dans le cercle final de Speechless Voices.

Asha Thomas, de l'énergie – 2020 (15 min.)
Asha Thomas est née à Atlanta, a dansé (en tant que danseuse principale) à la compagnie Alvin Ailey avant de s’installer en France en 2007. Depuis, elle a travaillé pour différents chorégraphes tels Salia Sanou, Boris Charmatz, Alban Richard, Olivia Grandville, Raphaëlle Delaunay, Tatiana Julien et Philippe Ménard. Depuis 2010, elle développe ses propres chorégraphies. Mais elle n’avait pas besoin de se faire chorégraphe pour que sa signature soit reconnaissable. Jouant dans les spectacles des autres, elle transporte avec elle non pas tant une gestuelle, qu’elle développera dans ses propres spectacles, qu’un type d’énergie explosante-fixe qu’elle nourrit sûrement grâce à son contact familier avec des formes de danse plus populaires (flamenco, krump, hoodoo), moins normé par l’idée de spectacle que par celle de la performance et par l’idée qu’au bout de la danse il y a peut-être une certaine possibilité de contact magique, ou mystique, avec d’autres puissances.