18 > 20.03.21
CN D Pantin
La mémoire a ses strates, parfois traversées de fantômes. Avec trois artistes à ses côtés, Bintou Dembelé, qui vient du hip hop et développe maintenant une esthétique propre, creuse ici son rapport au passé. Après Z.H. (Zoos humains), qui évoquait les exhibitions « de bons sauvages » lors des expositions universelles, elle continue avec S/T/R/A/T/E/S Quartet – dont le titre fractionné évoque les lignes de faille de la mémoire intime – à interroger les hiérarchies raciales.
Sur scène, des cercles tracés à même le sol renvoient aux cultures chorégraphiques où chacun peut occuper tour à tour la place centrale et se dépasser. S/T/R/A/T/E/S en fait un espace de palabre, où des états de corps inspirés du hip hop et du krump rencontrent la musique répétitive de Charles Amblard et la voix de Charlène Andjembé, entre jazz, blues et polyphonie d’inspiration africaine. En tant que chorégraphe comme en tant qu’interprète, Bintou Dembelé porte haut une histoire à la fois sociale et personnelle, en toute liberté.
Reconnue comme l’une des pionnières du hip hop en France, Bintou Dembelé commence à danser en 1985. Co-fondatrice des groupes Ykanji ou Ladyside, elle exerce également au sein d’Aktuel Force ou au Théâtre Contemporain de la Danse à Paris avant de fonder sa propre structure, Rualité, en 2002. Elle fait son entrée en 2019 à l’Opéra de Paris, où elle signe la chorégraphie des Indes galantes, opéra-ballet mis en scène par Clément Cogitore et dirigé par Léonardo García Alarcón. Elle est artiste associée aux Ateliers Médicis et l'une des dix artistes internationaux invités au dix ans du centre Pompidou-Metz. En 2021, elle inaugurera la Villa Chicago.