Recherche

Exposés de recherche

© Gabin Nuissier
© Gabin Nuissier

18.01 > 15.02.18

CN D Pantin

Dix-huit projets de recherche et de notation ont bénéficié d’une aide à la recherche et au patrimoine en danse. Les chercheurs et notateurs présentent ici l’avancée de leurs travaux. Explorant des esthétiques aussi diverses que le butô, la danse baroque, le hip-hop ou la danse d’expression allemande, les uns approfondissent nos connaissances des danses historiques, des danses à figures anglaises du XVIIe siècle au traité de Magri (1779), en passant par les danses de bal du XIXe siècle, tandis que les autres interrogent le métier du danseur – son « désir de scène », ce à quoi il pense lorsqu’il danse l’illustre Sacre du printemps (relu par la chorégraphe Dominique Brun), son rapport à la santé, les traces de son parcours d’artiste.

 

18.01

14:00
Analyse du contenu de The English Dancing Master, ouvrage publié par John Playford en 1651 et élaboration d’une typologie à partir des cent cinq danses du corpus
par Cécile Laye
Le projet propose un classement des cent cinq danses de la première édition de The English Dancing Master publié par le libraire et éditeur John Playford en 1651 à Londres. Ce répertoire de danses à figures anglaises a fait l’objet de trois autres éditions entre 1652 et 1670, il a traversé les siècles et joué un rôle capital quant au renouvellement du répertoire de bal dans les principales cours d’Europe au XVIIIe siècle. Établi à partir des « mesures » retrouvées dans des bibliothèques des Inns of Court, le projet comporte une expérimentation avec des danseurs et des musiciens et une (re)contextualisation historique.
 

Les « chaînons manquants » : le Trattato teorico-prattico di ballo de Gennaro Magri (1779) dans l’évolution technique de la danse académique aux XVIIIe et XIXe siècles
par Natalie Van Parys, Marie-Françoise Bouchon, Mickaël Bouffard, Gloria Giordano, Jean Guizerix, Lena Cederwall Broberg
Considéré comme un document majeur pour reconstruire la chaîne évolutive qui va du baroque finissant au classicisme naissant, le traité de Gennaro Magri est étudié ici d’un point de vue principalement technique et stylistique en focalisant l’analyse sur sa première partie, les genres sérieux et demi-caractère de la danse théâtrale, et dans une perspective comparative de traités antérieurs et postérieurs (Feuillet, Rameau, Dufort, Blasis, Costa, Théleur). Le projet comporte une étude iconographique critique, un document filmé et le témoignage de langages chorégraphiques actuels (Lancelot, Cramér, van Parys, Guizerix/Piollet).
 

De l’entraînement du danseur à la théâtralité d’une variation chorégraphique dans les cahiers de Michel Saint-Léon entre 1829 et 1836
par Pierre-François Dollé et Irène Feste
Prolongeant les travaux menés sur les danses de bal entre 1810 et 1823 d’après les traités de Jean Henri Gourdoux-Daux, ce projet étudie la porosité entre danses du bal et celles dansées sur les scènes de théâtres et d’opéras dans la première moitié du XIXe siècle, en s’appuyant sur une analyse minutieuse des cahiers du maître de danse, danseur et figurant dans le corps de ballet de l’Opéra de Paris Michel Saint-Léon (1777-1853). Ce corpus cohérent articule description précise, exercices pratiques et chorégraphies de variations scéniques extraites des grands ballets de cette époque.


Les créations chorégraphiques dans les casinos de 1895 à 1929
par Florence Poudru
À la croisée des phénomènes d’urbanisme, de thermalisme et d’économie du spectacle, l’étude porte sur l’activité chorégraphique des scènes théâtrales des casinos, sous la IIIe République, époque de leur apogée. S’appuyant sur le relevé systématique des casinos français de 1890 à la crise de 1929, l’étude élabore un corpus des œuvres déclarées à la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, aborde la mobilité des artistes et des œuvres, la proportion des femmes dans cette fonction et s’intéresse tout particulièrement aux saisons des établissements de Vichy et d’Aix-les-Bains.

 

25.01

14:00
Les masques dans la danse durant la période Weimar en Allemagne
par Ana Hopfer
Procédant à un recensement dans les archives de danse allemande, le projet porte sur l’utilisation de masques dans les œuvres chorégraphiques durant la République de Weimar (Mary Wigman, Jean Weidt, Kurt Jooss, Oda Schottmüller, Julia Markus, Lavinia Schulz, Werner Holdt, Wy Magito, Ursula Falke). Il interroge tant cet usage artistique que l’existence de documents éclairant ces démarches chorégraphiques et/ou corporelles et la réalisation même de ces masques, les sculpteurs qui les ont façonnés. Ce faisant, l’étude pose les bases d’un inventaire des danses masquées et de leur typologie.
 

Wigman/Waehner, correspondances (1949-1972)
par Guillaume Sintès et Mélanie Papin
S’inscrivant dans le cadre du projet « Karin Waehner, une artiste migrante. Archive, patrimoine et histoire transculturelle de la danse »,mené par le groupe de recherche «Histoire contemporaine du champ chorégraphique en France », le projet met en évidence les liens étroits et réguliers qu’ont entretenus Karin Waehner et Mary Wigman autour d’une relation épistolaire, de 1949 à 1972. Au-delà du collectage de l’ensemble de cette correspondance, le projet décrit et analyse comment se sont établies des circulations entre (et à partir de) ces figures de la modernité chorégraphique allemande et française.
 

L’impact de la guerre froide sur les développements internationaux de la danse de 1945 aux années 1960
par Annie Suquet
Durant la première moitié du XXe siècle, les répercussions des événements politiques sur les évolutions esthétiques des pratiques dansées ont été décisives. Après 1945, l’éclatement de la Guerre froide resserre encore cette intrication de l’artistique et du politique. Selon qu’elles prennent place dans les pays du bloc de l’Est ou de l’Ouest, les formes de la danse se voient, en vertu de leur genre (danse moderne, ballet, danse folklorique…), assigner des chances d’épanouissement, voire de survie, très inégales. Ici, le cas de la danse d’expression en Allemagne(RDA et RFA).

 

Gabin Nuissier, un pionnier du hip-hop raconte son histoire
par Gabin Nuissier
Visant à réaliser l’autobiographie d’un artiste fondateur de la culture hip-hop, apparue au milieu des années 1970 aux États-Unis, précurseur ayant traversé toutes les étapes qui, en France, l’ont façonnée et contribué à la faire évoluer, cette étude chemine entre l’écriture d’un récit à caractère personnel et une biographie écrite àplusieurs mains. L’expérience singulière de Gabin Nuissier permet ici de documenter et d’alimenter l’histoire de cette danse, tout en développant le déroulement d’une pensée originale. Le projet constituera l’une des premières autobiographies d’un danseur hip-hop.



Moteurs – un sacre
par Enora Rivière
Ce projet éditorial raconte une danse : Le Sacre du printemps de Vaslav Nijinski, Igor Stravinsky et Nicolas Roerich, tel que l’a reconstituée la chorégraphe Dominique Brun un siècle plus tard, le 13 mars 2014. Raconter, c’est-à-dire ici déployer le déroulé spatial, temporel et gestuel de la danse, mais aussi restituer ce à quoi pense chacun des trente danseurs quand précisément il/elle danse cette danse – tout ce qui peut relever de l’invisible, de l’insaisissable, de l’immatériel. Ou, autrement dit : qu’est-ce que cela implique, convoque, nécessite de danser Le Sacre du printemps ?

 

1.02

14:00
Sous le regard
par Olivier Normand
Qu’est-ce qui motive le désir de scène, ce désir de se mettre en jeu sous un regard (supposé confiant, aimant, désirant) ? De quelle émancipation, ce franchissement – le passage à la scène – est-il le pari ? À quelles conditions ? Analysant le « contrat » tacite engagé entre l’interprète et le chorégraphe, le projet met en question cette « co-dépendance », ses motifs, son asymétrie partielle. Ce faisant, il interroge : est-ce qu’un interprète fait œuvre ? Qu’est-ce qu’une œuvre d’interprète ? Est-ce cette partition personnelle la trace transversale de ses interventions dans les pièces des autres ?

 

Archives enrobées, gestes dérobés
par Hervé Robbe, Ninon Steinhausser et Vincent Bosc
Comment conserver les documents qui constituent les traces et permettent la mémoire et l’histoire des activités qu’un parcours d’artiste a suscitées ? Pourquoi, pour qui les garder ? Articulant traversée des archives filmiques et élaboration d’un récit chronologique factuel, ce projet prolonge un travail d’archivage qui questionnait les traces et l’effacement des gestes et des objets élaborés avec chaque collaborateur au fil de l’œuvre chorégraphique. Les documents rassemblés ici sous forme d’enveloppes sont alors transmis à de nouveaux regards libres d’en réinventer le contexte, l’histoire ou l’enjeu.

 

8.02

14:00
Regards croisés sur des thèmes clés de l’analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé
par Nicole Harbonnier-Topin, Catherine Ferri, Evelyne Allmendinger, Emmanuelle Lyon et Valentine Vuilleumier
Le projet consiste à recueillir, lors de cinq tables rondes, différents points de vue sur cinq thèmes clés de l’analyse fonctionnelle du corps dans le mouvement dansé (AFCMD), créée pour répondre à un besoin de formation des professeurs de danse, et qui a fait son apparition conjointement à l’adoption du texte de loi sur l’enseignement de la danse en France en 1989. Ces tables rondes de spécialistes AFCMD, professeurs et artistes chorégraphiques, répondent au besoin de rendre accessible un savoir élaboré depuis des années par les praticiens sur le terrain et constituent la matière d’un chapitre d’un projet éditorial collectif.

 

Perception des enjeux de santé et rapport à la blessure chez les danseurs. Une enquête préliminaire en Île-de-France
par Agathe Dumont
Le projet rend compte de la parole de danseurs sur la santé. L’enquête se base sur des questionnaires envoyés à une large population de danseurs de toutes disciplines et de tous âges ainsi que sur des entretiens qualitatifs avec une vingtaine de danseurs professionnels. L’étude retrace des parcours de vie et analyse la manière dont les danseurs incorporent la question de las anté dans leurs pratiques. Elle vise à recueillir des données sur ce sujet encore peu exploré et à faire entendre les voix de celles et ceux qui dansent au quotidien. 


Organon – un logiciel pour la notation W
Par Joris Lacoste, Jeanne Revel et Lou Forster
Entreprenant d’explorer de manière pratique et théorique la relation entre langage et action, entre parole et geste, le projet W analyse comment dire le mouvement et comment performer la parole. Au fil des expériences, cette théorie de l’action s’est doublée d’une recherche d’une interface graphique qui puisse enregistrer un ensemble complexe de paramètres et de formats : testé à l’occasion de sessions réunissant danseurs, acteurs et performeurs, le logiciel de notation Organon vise in fine à modéliser performances et processus de toutes sortes.

 

15.02

14:00
Costume en face / A Primer of Darkness for Young Boys and Girls (1976), de Tatsumi Hijikata
par Yoko Sobue
Pièce maîtresse et rare du « premier butô », Costume en face / A Primer of Darkness for Young Boys and Girls fut créé en 1976 pour Moé Yamamoto au moment où Tatsumi Hijikata finalisait son système de notation (butô-fu). Le travail de notation de deux parties du solo s’appuie ici sur des notes de travail (annotations de termes et de phrases du chorégraphe, qui a défini plus de 1 200 noms de mouvements), la captation de la pièce, des albums de textes et de photographies, la mémoire de l’interprète, et par l’apprentissage du solo transmis par Moé Yamamoto.

 

Afin qu’il n’y soit rien changé (1976), de Wilfride Piollet et Jean Guizerix
par Irénée Blin
Ce duo de dix-huit minutes fut créé en 1976 par Jean Guizerix et Wilfride Piollet dans la Cour d’honneur du Palais des papes dans le cadre du Festival d’Avignon. À cette occasion, les chorégraphes et interprètes rencontrent le poète René Char, auteur du poème matrice de cette pièce dense, extrait du recueil Fureur et Mystère, qui entrelace deux manières de concevoir le phrasé poétique. L’héritage classique associé à une grande liberté d’invention chorégraphique, la virtuosité pétillante et la complicité des partenaires génèrent ici un dialogue harmonieux de techniques.

 

Notation de Newark (1987), de Trisha Brown (cinétographie Laban)
par Marie-Charlotte Chevalier
Newark est une chorégraphie de 30 minutes pour sept danseurs de Trisha Brown, créée à Angers. S’inscrivant dans les valliant series, cette pièce fait appel à une technicité plus académique et plus visible que les pièces qui la précèdent. Sa composition complexe est structurée autour de différentes notions définissant des processus dynamiques (« paysage », « cause and effect »,« locus »). Très peu de partitions ont été, à ce jour, réalisées du répertoire de la chorégraphe américaine qui a cessé de chorégraphier en 2012.

 

L’Espace et le geste
par Noëlle Simonet et Lise Daynac
Après l’étude, dans deux précédents ouvrages, de l’espace en deux dimensions à partir de quatre œuvres de chorégraphes américains et français du XXe siècle, ce troisième objet pédagogique aborde la question de la spatialité en trois dimensions en s’appuyant sur le répertoire de la danse allemande : L’Après-midi d’un faune d’une de ses figures incontournable, Kurt Jooss, deux Études du danseur pédagogue Sigurd Leeder et la grille d’analyse du réformateur de la danse Rudolf Laban.