En prolongement du projet « Exposé·e·s », qui a associé en 2023 le Centre national de la danse au Palais de Tokyo, le CND a initié une collecte de témoignages destinée à faire retour sur les premières décennies du sida qui ont fortement affecté le milieu chorégraphique. Ce projet a permis l’enregistrement de dix-neuf entretiens longs avec des personnes concernées par l’épidémie liée au VIH, proches de malades, militants ou témoins d’une autre façon encore des réalités liées au sida.
Y sont évoqués l’impact que le sida a eu sur les modalités de travail et les réseaux professionnels de la danse, l’imaginaire et la matière des œuvres, les propositions et démarches artistiques, la mise en danger ou au contraire l’attention portée aux corps, la réflexion autour des pratiques corporelles, mais aussi le poids de l’absence des amis ou artistes proches, l’ostracisme qui a frappé nombre de personnes, le vécu intime d’une maladie affectant au-delà des malades eux-mêmes toute une époque, un milieu, des pratiques de vie, de sexualité, de prises de risques et de création.
C’est cette archive orale, telle qu’enregistrée entre juillet 2023 et mars 2024 et totalisant près de quarante-cinq heures de discussions, qui est rendue accessible ici, accompagnée en guise d’échos, de deux textes rédigés après coup par chacun des intervieweurs et porteurs du projet, Laurent Sebillotte et Isabelle Ginot, et d’une chronologie précisant l’arrière-plan des entretiens.