Collection portraits

Conçus et réalisés par la Cinémathèque de la danse, ces montages d’une demi-heure présentant un artiste sous un angle précis sont disponibles sur demande auprès de l’équipe du Pôle Diffusion.

Alain Buffard, les théâtres du moi

2017
34 min.

Trailer

Dès Good Boy, son premier solo, ou le premier qui compte, Alain Buffard met en scène son propre corps, ses forces et ses faiblesses, ses puissances et ses fragilités. Il ne cessera plus ensuite d’inventer des mises en scène parfois très théâtrales qui lui serviront à réfléchir à ce qui fonde et fabrique une identité trouble et peut-être tremblante (le tremblement est une figure qui fait souvent retour chez lui). Masques, tee-shirts, perruques, costume de polystyrène, chaussures à talons compensés, corps fragmentés : les pièces de Buffard, de MORE et encore à Wall Dancin’ – Wall Fuckin’, inventent une grammaire de l’identité : qu’est-ce qui fait qu’on ressemble à quelqu’un d’autre, et comment passer d’un genre à l’autre, d’un visage à l’autre et comment ces passages incessants peuvent-ils fonder une communauté ?

Les Inconsolés (2005), réalisation Alain Buffard et Rémy Yadan, 2006
MORE et encore, réalisation Sophie Laly, 1999
INtime / EXtime, réalisation Sophie Laly, 1999
My Lunch with Anna, réalisation Alain Buffard, 2005
Good Boy (1998), réalisation Vasco Riobom pour la Fondation Serralves – Porto, 2003
Wall Dancin’ – Wall Fuckin’, réalisation Sophie Laly, 2003
Dispositifs 3.1, réalisation Christophe Bargues, 2001
Mauvais genre (2003), réalisation Sophie Laly, 2004
Avec l’autorisation de Fanny de Chaillé, légataire de l’œuvre d’Alain Buffard,
PI:ES, et le Centre national d’art et de culture Georges Pompidou

 

Fanny de Chaillé, le décalage

2018
30 min.

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Il y a toujours un moment dans l’œuvre souvent comique, voire carrément burlesque, de Fanny de Chaillé où les choses que l’on croyait stables vacillent ou déraillent : on se prend des portes en pleine face, on trébuche et chute, on regarde sa propre ombre vivre sa vie devant soi, on parle sans ouvrir la bouche, on ne parvient plus à se faire comprendre. Tout, finalement, dans cette œuvre, est un problème de rythme. Pas le bon rythme, pas au bon moment, pas les bons mots pas dans le bon sens. En jouant avec art de toute la palette des décalages (il arrive même à la caméra de filmer à côté), Fanny de Chaillé invente une danse-théâtre qui met son doigt doux-amer sur une des plus grandes difficultés de vivre.Il est difficile au fond de sauter tranquillement dans le courant du langage ou des gestes et de se laisser glisser sagement dedans. Avec l’autorisation de Fanny de Chaillé, DISPLAY, Sophie Laly.

Karaokurt, 1996
Underwear (solo), 2007
Passage à l’acte, 2011
CHUT, 2015
Ta ta ta, 2005
Mmeellooddyy Nneellssoonn, 2012
Je suis un metteur en scène japonais, 2011
LE GROUPE, 2014
Les Grands, 2017
Underwear, pour une politique du défilé, 2003
Gonzo conference, 2007
Wake-up, concert pour 55 réveils préparés, 2003

 

Lucinda Childs, la mise en marche

2017
30 min.

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On pourrait raconter l’art de Lucinda Childs comme l’histoire d’une chorégraphe qui amplifie peu à peu ses mouvements. Dans ses premières performances, elle s’amuse des gestes que la société assigne, plus ou moins gentiment, aux femmes : préparer des sandwichs (Carnation) ou prendre un bain d’une jambe élégante (Pastime). Et puis, peu à peu, elle se met en marche comme une militante qui réclame son autonomie, qui ne veut plus vivre, vivre et danser, que dans un monde dont elle compose elle-même les lois. L’abstraction mathématique et les compositions géométriques sont un univers neutre où Lucinda Childs a su devenir maîtresse des formes et des durées (Melody Excerpt). Forte de ce savoir, elle peut retourner au monde classique du ballet : arabesques et port de bras sont alors passés sans complexe à sa si élégante moulinette combinatoire.

Carnation (1964), réalisation Bob Lockyer, 1990
Pastime (1963), réalisation Marie-Hélène Rebois, 2016
Reclining Rondo (1975), réalisation CN D, 2016
Calico Mingling, réalisation Babette Mangolte, 1973
Radial Courses (1976), réalisation CN D, 2016
Melody Excerpt (1973), réalisation Jorge Cousineau (film et animation), 2013
Katema, réalisation Renato Berta, 1978
Einstein on the Beach, An Opera in Four Acts, réalisation Jack Moore, 1976
Dance (1979), réalisation Marie-Hélène Rebois, 2014
Kilar, réalisation Introdans, 2013
Avec l’autorisation de Lucinda Childs, Babette Mangolte, Marie-Hélène Rebois, Bob Lockyer, Renato Berta, Daphnie-Production, Pomegranate Arts, Introdans, The Center for the Art of Performance at UCLA, The Pew Center for Arts & Heritage.
La vidéo de Melody Excerpt (animation et film) a été commandée par The Pew Center for Arts & Heritage pour faire partie de son programme en ligne A Steady Pulse: Restaging Lucinda Childs, 1963-78. accessible ici

 

Volmir Cordeiro, panoplies

2018
15 min.

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Il y a toujours un moment dans les pièces de Volmir Cordeiro – qui sont surtout, pour l’instant et dans sa jeune carrière, des solos ou des quasi solos – où le vêtement prend tout son sens. Par exemple, il danse dans une tunique noire et flottante qui ne cache rien, ou il baisse son collant et le remonte, ou il s’enroule dans des tissus de couleurs ou bien encore il se colle deux scotches noirs sur les yeux. À quoi lui sert toute cette panoplie ? Sans doute à montrer que le regard suit des codes – des codes sociaux aussi bien que vestimentaires – et que ce qu’il cherche à danser, avec ses membres gigantesques qui déchirent et déstabilisent l’espace, c’est justement une danse qui déconstruise les regards et les normes convenus.

Ciel, réalisation Margaux Vendassi, 2012
Inês, réalisation Margaux Vendassi, 2014
Pièce de Cœur, chorégraphie Volmir Cordeiro et Cristina Moura, réalisation Joaquim Pieri, 2012
Époque, chorégraphie Volmir Cordeiro et Marcela Santander Corvalán, réalisation Margaux Vendassi, 2015
Rue, réalisation Margaux Vendassi, 2015
L’œil la bouche et le reste, réalisation Margaux Vendassi, 2017
Avec l’autorisation de Volmir Cordeiro, Margelles, Joaquim Pieri.

 

Odile Duboc, fluidité

2019
30 min.

Chaque chorégraphe a ses questions. L’une des questions d’Odile Duboc (1941-2010) était peut-être : comment faire en sorte que cela circule, que cela ne cesse pas, jamais, de circuler ? L’un des traits de la danse Duboc est qu’elle donne le sentiment d’une fluidité extraordinaire : comme si aucune forme n’était réellement figée dans son être mais ne cessait de passer par tous les états, de sensation en sensation. Corps oiseau de Projet de la matière et corps air de Vols d’oiseaux, corps vague de Rien ne laisse présager de l’état de l’eau et corps quasi marionnette d’O.D.I.L. : à chaque fois il s’agit de faire l’expérience d’un état assez flou, volontairement flou, pour que les frontières se dissolvent, pour que les muscles laissent circuler les énergies d’un corps à l’autre, pour que les groupes se composent et se décomposent l’air de rien. Dans quel but ? Peut-être s’agit-il, au bout du compte et avant tout, de conquérir le sentiment d’une liberté absolue, une liberté qui permet à l’être humain d’explorer en douceur, et en fluidité, tous les états de l’être.

trois boléros – troisième version, réalisation Jean-Michel Plouchard, 1996
Vol d’oiseaux, réalisation Danse à Aix, 1981
Insurrection, réalisation Maison de la culture de Grenoble, 1989
Projet de la matière, 1993
Rien ne laisse présager de l’état de l’eau, réalisation Pascal Paul, Vincent Bidault, Laszlo  Horvath, 2005
À la suite…, réalisation Stéphane Bloch, 1999
trio 03 (deux extraits), réalisation Yves Dalmau, 2003
Pour mémoire (deux extraits), réalisation César Vayssié, 1993
trois boléros – première version, réalisation Jean-Michel Plouchard, 1996
O.D.I.L, réalisation Laszlo Horvath, 2006
Avec l’autorisation de Françoise Michel

 

Lisbeth Gruwez, de l’endurance

2019
30 min.

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Depuis qu’elle écrit ses propres chorégraphies, après avoir été une interprète fétiche des grandes années de la danse flamande, et notamment de Jan Fabre, Lisbeth Gruwez insiste et signe au même endroit : l’épuisement du geste, l’endurance du mouvement. Il faut
que tout persiste et résiste. Que ce soient des secousses hilares (AH/HA), une ondulation du torse (Lisbeth Gruwez Dances Bob Dylan) ou le ressac d’une vague (The Sea Within), il s’agit toujours de pousser le mouvement au-delà du raisonnable, jusqu’à l’hypnose,
et peut-être la transe. Les corps – ceux des interprètes comme des spectateurs – luttent avec la fatigue, puis trouvent respiration et souffle justes afin d’habiter la dure durée.

L’Origine, réalisation Kris Kenis, 2011
It’s Going to Get Worse and Worse and Worse, My Friend, réalisation Voetvolk vzw, 2012
Lisbeth Gruwez Dances Bob Dylan, réalisation Voetvolk vzw, 2015
The Sea Within, réalisation Voetvolk vzw, 2018
Ah/Ha, réalisation Voetvolk vzw, 2014
We’re Pretty Fucking Far From Okay, réalisation Voetvolk vzw, 2016
Penelope, réalisation Voetvolk vzw, 2017
Avec l’autorisation de Lisbeth Gruwez, Maarten Van Cauwenberghe, Voetvolk.

 

Daniel Linehan, rythme et langage

2019
15 min.

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Daniel Linehan en deux mots ? Rythme et langage. Pour ce chorégraphe américain, né en 1982 et installé à Bruxelles depuis ses années de formation à P.A.R.T.S., ce qui parle en nous est ce qui donne sens et vitesse à nos gestes. Parfois ce sont de simples murmures, des syllabes décomposées ou des grognements (Digested Noise) et parfois des phrases signées Hugo Ball ou Platon. Parfois, une phrase sans arrêt répétée (Not About Everything) et d’autres fois, des mots que les danseurs saccadent au rythme de lumières qui s’allument/s’éteignent. Mais à chaque fois, le langage est le lieu où le geste trouve une raison de naître et d’inventer de subtils discours tout de reprises et d’interruptions.

The Karaoke Dialogues, réalisation Kaaitheater, Bruxelles, 2014
Zombie Aporia (2011), réalisation STUK, Louvain, 2015
Not About Everything (2007), réalisation Singel, Anvers, 2017
Un Sacre du printemps, réalisation Opéra de Lille, 2015
dbddbb (2015), réalisation Kaaitheater, Bruxelles, 2016
Flood, réalisation Kaaitheater, Bruxelles, 2017
Avec l’autorisation de HIATUS, Daniel Linehan.

 

Maguy Marin ou comment dire

2016
32 min.

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Maguy Marin ne danse pas seulement avec les corps. Elle danse avec les sons, les onomatopées, les mots, les phrases, les langues étrangères, la langue en général. Depuis ses premières pièces, la parole a toujours été non seulement une matière, mais aussi un des moteurs essentiels du mouvement, une sorte de règle rythmique plus ou moins cachée comme en témoigne le fameux Fini. C’est fini. Ça va finir. Ça va peut-être finir, tiré de Beckett, et qui offre une cellule rythmique aux compositions de May B. Mais entre les tout simples « Ah » effrayés et « Oh » surpris (Ramdam) qui donnent de l’élan aux danseurs et les phrases en latin de Lucrèce qui les immobilisent (Turba), il y a, il est vrai, et Maguy Marin en apporte une preuve réjouissante, cent façons d’utiliser le langage.


Ramdam (1995), réalisation Luc Riolon, 1997
May B, réalisation Luc Riolon et Charles Picq, 1981
Babel Babel, réalisation Olivier Morel, Ariane Le Couteur, Hugues de Rosière, 1982
Aujourd’hui peut-être, réalisation Luc Riolon, 1996
Ha ! Ha !, réalisation Charles Picq, 2006
Pour ainsi dire, réalisation Luc Riolon, 1999
Waterzooï (1993), réalisation Luc Riolon, 1994
Quoi qu’il en soit, réalisation Luc Riolon, 1999
Nocturnes, conception Maguy Marin et Denis Mariotte, réalisation David Mambouch, 2012
Description d’un combat, réalisation Charles Picq, 2009
Turba, conception Maguy Marin et Denis Mariotte, réalisation Charles Picq, 2007
Avec l’autorisation de Maguy Marin, Cie Maguy Marin, Luc Riolon, 24 Images,
Maison de la Danse, L’envol Productions.

 

Solitude(s) de Mathilde Monnier

2017
34 min.

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La danse de Mathilde Monnier est habitée par la thématique de la solitude. Si dans ses pièces les danseurs sont nombreux sur le plateau, chaque danseur se détache de par son individualité et sa façon de trouver sa place dans le groupe ou en solo. Dans Tempo 76, c’est un unisson qui rythme la pièce, obéissant au métronome de la musique de Ligeti, chaque danseur est à la fois un corps commun et un corps singulier. Dans Déroutes, les interprètes vivent leurs parcours sur un même plateau se rencontrant où se croissant
au fil du hasard de leurs marches. Les Lieux de là, aussi, à leur façon, raconte l’histoire de la dispersion d’une communauté qui n’en finit pas de se reconfigurer. Duos et trios – figures du lien – sont fréquents dans la grammaire de Mathilde Monnier, mais ce qui prédomine ce sont des danses solitaires, de véritables solos ou des solos à plusieurs (voir les errances rock de Publique), où chacun, chacune, se laisse entraîner par son propre mouvement et sa propre dérive.

Soapéra, réalisation Karim Zeriahen, 2010
Les Lieux de là, réalisation Valérie Urréa, 1998
Pour Antigone, réalisation Valérie Urréa, 1993
Tempo 76, réalisation Valérie Urréa, 2007
Publique, réalisation Valérie Urréa, 2004
Pavlova 3’23’’, réalisation Karim Zeriahen, 2009
Chinoiseries, réalisation Valérie Urréa, 1991
MM in Motion, réalisation Vivian Ostrovsky, 1992
2008 vallée, réalisation Valérie Urréa, 2006
Déroutes, réalisation Valérie Urréa, 2002
Avec l’autorisation de Mathilde Monnier, Association MM, Dominique Figarella,
Philippe Katerine, Wisdom Films, Artline Films, On The Fly Productions.

 

Christian Rizzo, mortellement

2017
30 min.

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Chez Christian Rizzo, le plateau est presque toujours sombre, cerné par la nuit, l’obscurité, la peur du noir et des méchants lapins (b.c, janvier 1545, fontainebleau). C’est que la mort est sans arrêt à l’horizon de ses pièces. Elle n’est d’ailleurs pas toujours effrayante. Parfois, bien sûr, elle a l’allure de pendus (Le Bénéfice du doute) ou d’un motard casqué qui rappelle les films de Cocteau (Comme crâne, comme culte) mais elle est d’autres fois aussi douce que deux robes fantomatiques qui dansent sous les effets de ventilateurs (100% polyester). Douce ou cruelle, n’empêche, elle est ce qui rôde sans fin, entoure, console ou pétrifie, ce qui fait crier ou tomber les danseurs (Soit le puits…), ce qui menace de les immobiliser dans des postures figées. La danse de Rizzo est une danse avec
ou contre la mort, où chaque mouvement est un signe finalement joyeux de survie.

Soit le puits était profond, soit ils tombaient très lentement, car ils eurent le temps
de regarder tout autour
, réalisation Sophie Laly, 2005
D’après une histoire vraie, réalisation Sophie Laly, 2013
Le Bénéfice du doute, réalisation Sophie Laly, 2012
Le Syndrome Ian, réalisation Sophie Laly, 2016
b.c, janvier 1545, fontainebleau, réalisation Cinémathèque de la danse, 2007
Sakınan göze çöp batar, réalisation Sophie Laly, 2012
Comme crâne, comme culte, 2005
Et pourquoi pas : “bodymakers”, “falbalas”, “bazaar”, etc, etc… ?, réalisation Jean-Gabriel Périot, 2001
Fom 1, réalisation Christian Rizzo et Iuan-Hau Chiang, 2009-2011
100% polyester, objet dansant n o (à définir), réalisation Sophie Laly, 1999
Avec l’autorisation de Christian Rizzo, ICI – Centre chorégraphique national
de Montpellier – Occitanie.

 

Ana Rita Teodoro : corps animal, corps végétal

2018
15 min.

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Ana Rita Teodora rampe comme un ver ou un serpent dans les rues de Lisbonne. Elle amasse des papiers entre ses jambes telle une araignée laborieuse entre ses pattes. Elle ondule lentement les bras, algue souple au fond d’un aquarium. Elle glisse sur un autre corps en une étrange parade amoureuse. Il y a dans la danse de la jeune chorégraphe portugaise un sentiment d’animalité ou de végétation, une visite volontaire aux frontières du corps humain, d’où le titre Orifice qui lui sert souvent de titre générique. Ana Rita Teodoro bouge au bord des trous. L’idée de cette danse est d’éprouver ce qu’un corps peut apprendre en se mêlant, temporairement, à une autre nature, d’autres gestualités et surtout à une organicité absolument différente qui confère aux mouvements une façon étrange et séduisante d’habiter la durée et l’espace.

MelTe (2009), réalisation Alex Campos Garcia, 2012
Plateau, collection Délirer l’Anatomie (2017), réalisation Ana Amorim, 2018
Rêve d’intestin, collection Délirer l’Anatomie (2015), réalisation Ana Amorim, 2018
Fantôme méchant (2013), réalisation Pedro Moura, 2015
Orifice Paradis, collection Délirer l’Anatomie, réalisation CNDC d’Angers,
Tidiani N’Diaye, 2012
Avec l’autorisation d’Ana Rita Teodoro, Fondation Serralves et du CNDC d’Angers.

 

La Ribot ou la durée du geste

2018
30 min.

Trailer

La nudité fréquente de La Ribot cache quelque chose. Quelque chose d’autre et de plus qu’il vaut la peine de regarder. D’abord, La Ribot adore jouer de la durée, qu’elle étire autant qu’elle peut. Des heures parfois comme dans Laughing Hole où les performeuses s’épuisent de rire. Ensuite, elle n’a pas peur de reprendre et de répéter en boucle des gestes très simples, détournés très souvent de la grammaire classique, comme en témoignent les chorus lines quasi comiques et très énergétiques de PARAdistinguidas. Durée et répétition participent à un projet plus général d’hypnose ou de fascination dont le trio minimal d’Another Distinguée est un magnifique exemple. Il s’agit de modifier les perceptions du spectateur, de leur proposer d’habiter un autre temps et un autre lieu,
un espace où les attentes s’effondrent, où il n’y a rien à produire sinon le sentiment
tout nu d’être là.

Muriéndose la sirena, Pièce distinguée n o 1 (1993) /   Treintaycuatropiècesdistingué
&onestriptease 1991-2003, réalisation Luc Peter, 2003
N O14, Pièce distinguée n o 14 (1997) / Distinguished Hits 1991-2001, réalisation CN D, 2016
Desasosiego, Pièce distinguée n o 52 / Another Distinguée, réalisation Collectif des routes, 2016
Gustavia (2008), conception La Ribot et Mathilde Monnier, réalisation Luc Peter, 2009
Forex, Pièce distinguée n o 44 / PARAdistinguidas, 2011
40 Espontáneos, réalisation Jean-Yves Varin, 2004
EEEXEEECUUUUTIOOOOONS !!!, réalisation CCN-Ballet de Lorraine, 2012
Laughing Hole (2006), réalisation Luc Peter, 2009
19 equilibrios y un largo, Pièce distinguée n o 19 (1997) / Distinguished Hits 1991-2001, réalisation CN D, 2016
Sans titre IV, Pièce distinguée n o 17 (1997) / Treintaycuatropiècesdistingué&onestriptease 1991-2003, réalisation Luc Peter, 2003
Avec l’autorisation de Maria La Ribot, Cie La Ribot et du CCN-Ballet de Lorraine

 

Noé Soulier, écriture sur écriture

2017
15 min.

Trailer

L’écriture est un motif qui hante le travail de Noé Soulier. Soit qu’il commente et explique à voix haute sa propre danse en la dansant, soit qu’il écrive le mouvement en référence volontaire aux codes de la danse classique, soit qu’il écrive des phrases précises que
les danseurs s’approprient à leur façon, les commençant et les achevant où ils veulent – à chaque fois, il s’agit de réfléchir à ce que l’écriture a et peut apporter à la danse. C’est sans doute cette croyante en la fécondité de la chorégraphie qui fait la singularité
du chemin que Noé Soulier commence seulement à explorer.

Hand Catching Signs, 2013
Mouvement sur mouvement, réalisation Jérôme Fino, 2013
Le Royaume des Ombres (2009), réalisation Kaaitheater-Bruxelles, 2010
Petites perceptions, réalisation Kaaitheater-Bruxelles, 2010
Removing (2015), réalisation du TAP Poitiers, 2016
Movement materials, réalisation Antoine Pierlot, 2014
Signe blanc, 2012
Faits et gestes, réalisation Sophie Laly, 2016
Avec l’autorisation de Noé Soulier, ND Productions, Fondation Louis Vuitton.

 

Asha Thomas, de l’énergie

2020
30 min.

Asha Thomas est née à Atlanta, a dansé (en tant que danseuse principale) à la compagnie Alvin Ailey avant de s’installer en France en 2007. Depuis, elle a travaillé pour différents chorégraphes tels Salia Sanou, Boris Charmatz, Alban Richard, Olivia Grandville, Raphaëlle Delaunay, Tatiana Julien et Philippe Ménard. Depuis 2010, elle développe ses propres chorégraphies. Mais elle n’avait pas besoin de se faire chorégraphe pour que sa signature soit reconnaissable. Jouant dans les spectacles des autres, elle transporte avec elle non pas tant une gestuelle, qu’elle développera dans ses propres spectacles, qu’un type d’énergie explosante-fixe qu’elle nourrit sûrement grâce à son contact familier avec des formes de danse plus populaires, moins normé par l’idée de spectacle que par celle de la performance et par l’idée qu’au bout de la danse il y a peut-être une certaine possibilité de contact magique, ou mystique, avec d’autres puissances.

Du désir d’horizons, 2018
Eikon, 2011
FIX ME, 2018
Héroïne, 2015
Ghazals, 2012
CLAY, 2014

 

Cindy Van Acker, géométriquement nôtre

2020
30 min.

Que fait Cindy Van Acker, chorégraphe belge née au Kansas et vivant en Suisse lorsqu’elle lance les bras en l’air et trace des gestes millimétrés et minimaux qui ressemblent à des figures géométriques ? Lorsqu’elle dessine sur la scène ses parcours à angles droits ou en courbes régulières ? Lorsqu’elle organise ses interprètes en ligne ou en carré dans l’espace et qu’elle les fait bondir en rythme savamment mathématique ? Sûrement qu’elle se transforme en géomètre précise de l’espace. À la voir, de film en film, visiter des sites différents, une plage, un champ de neige, une carrière, une forêt, on se dit qu’elle danse en arpenteuse des territoires, qu’elle explore à l’aide de la danse et de son corps les lieux où les humains pourraient ou devront habiter. On se dit qu’elle prend des marques pour reconnaître, telle une exploratrice, et faire le plan. Et ainsi, grâce à cette précise description des lieux, les danseurs finissent par trouver une façon de vivre ensemble. Peut-être harmonieusement. Comme dans le cercle final de Speechless Voices.

Obvie, 2015
Nixe, 2015
Obtus, 2015
Monoloog, 2010
Drift, 2013
Zaoum, 2016
Diffraction, 2011
Speechless Voices, 2016
Magnitude, 2013
Anechoic, 2014

 

Gisèle Vienne, le suspens

2019
30 min.

Trailer

La danse de Gisèle Vienne semble ne jamais renoncer à raconter quelque chose – même s’il n’est pas facile de dire quoi exactement. Peut-être rien de précis après tout, peut-être plutôt le simple sentiment d’une histoire. Ce qui compte c’est surtout de construire des effets de suspense et de suspension pour dire que nous (spectateurs, humains) sommes pris dans un récit qui nous dépasse et risque toujours de nous violenter (comme le fait la prose sanglante de Dennis Cooper, collaborateur régulier de la chorégraphe). Marionnettes, patineuse, clubbeurs : chacun des personnages de Gisèle Vienne est pris dans l’horizon d’un monde qui menace. Coups, blessures, mort : le pire est presque toujours sûr, d’ailleurs vous voyez, il vient, il arrive.


Last Spring : A Prequel, réalisation Stéphane Nota, 2012
Jerk, 2008, réalisation Antoine Parouty, 2008
The Ventriloquists Convention, réalisation Patric Chiha, 2015
I apologize, réalisation Patric Chiha, 2004
Showroomdummies 2#, réalisation Stéphane Nota, 2001
This is how you will disappear, réalisation Stéphane Nota, 2010
Eternelle Idole, réalisation Stéphane Nota, 2009
Kindertotenlieder, réalisation Patric Chiha, 2007
The Pyre, réalisation Stéphane Nota, 2013
Crowd, réalisation Caroline Detournay et Paulina Pisarek, 2017
Avec l’autorisation de Gisèle Vienne, DACM.

 

Miet Warlop, la désinstallation

2019
16 min.

Trailer

Plâtre et peinture, eau et plastique, objets gonflables et sculptures explosives, corps animaux et prothèses absurdes : l’univers de Miet Warlop, performeuse plasticienne ou plasticienne performeuse c’est selon, consiste souvent à désinstaller le monde de manière ludique, farouche et souvent destructrice. Pistolets à peinture qui viennent salir le blanc laiteux (Big Bears Cry Too) ou solutions chimiques qui explosent, plumes qui volent partout, décor cassé à coups d’échelle (Mystery Magnet) : dans tous les cas, l’espace scénique est voué à assister à sa propre reconfiguration. Mais cette apocalypse n’est pas triste. Elle est au contraire proprement créatrice, car au bout du compte c’est à vivre dans un nouvel équilibre que nous invite le monde passé à tabac par Miet Warlop. Dans un univers désinstallé, on peut toujours se réinstaller à sa guise.

Horse. A Man, A Woman, A Desire for Adventure, réalisation Miet Warlop /
Irene Wool vzw, 2017
Dragging the Bone, réalisation Latitudes Prod (Lille), 2014
Big Bears Cry Too, réalisation Jan Bosteels, 2018
Mystery Magnet, réalisation Pascal Poissonnier, 2012
Fruits of Labor, réalisation Miet Warlop / Irene Wool vzw, 2016
Ghost Writer and the Broken Hand Break, réalisation Jan Bosteels, 2018
Avec l’autorisation de Miet Warlop, Miet Warlop / Irene Wool vzw, Jan Bosteels,
Pascal Poissonnier, Latitudes Prod (Lille).