Repéré pour sa présence charismatique dans de nombreuses pièces, dont celles de l’américain Trajal Harrell, Thibault Lac confirme avec ce solo un talent de chorégraphe en pleine éclosion. En tenue disparate, le danseur traverse différentes références Camp, de mythologies hybrides en figures glamour. Contrairement à son titre « fleur bleue », le propos n’est pas tant d’offrir la séduction maniérée d’un show à la limite du kitsch, mais de décaler subtilement le regard du public devant ces images attendues. Le glissement qui découle de cet intrigant travail de sape est semblable à celui de son interprète évoluant sabots de faune aux pieds et éventail de plumes vertes à la main. Par l'univers bigarré des décors, l’espace scénique fait allusion tantôt à un jardin fleuri, tantôt à un étrange marécage dans lesquels se croisent ces différents archétypes. Entre sentimentalisme assumé et mélancolie du grotesque, la pièce joue de sa fragilité comme de ses partis pris esthétiques. Alliant drôlerie et émotion sincère, pour mieux questionner l’idée même de représentation.
Thibault Lac
D’abord étudiant en architecture puis passé par l’école P.A.R.T.S à Bruxelles, où il a travaillé avec Jérôme Bel et Tino Sehgal, Thibault Lac est interprète pour plusieurs chorégraphes, dont Noé Soulier et Mathilde Monnier. Il est aussi une présence récurrente dans les pièces de Trajal Harrell. En parallèle, il mène des projets collaboratifs, tels Such Sweet Thunder avec le plasticien Tore Wallert et le compositeur Tobias Koch, Prix Jeunes Chorégraphes 2019 du Festival Impulstanz, ou en 2022 Knight-Night co-créé au CN D avec Bryana Fritz.