Exposition

Déplier baroque

Commissaire
Marina Nordera

Maquette de costumes de Sylvie Skinazi pour le ballet Platée, recréé en 1989 par Jean-Claude Malgoire et François Raffinot. Fonds Sylvie Skinazi, Médiathèque du CN D
Maquette de costumes de Sylvie Skinazi pour le ballet Platée, recréé en 1989 par Jean-Claude Malgoire et François Raffinot. Fonds Sylvie Skinazi, Médiathèque du CN D

17.11 > 17.12.22

CN D Pantin

B arroca
A rtifice
R épétition
O mbre
Q ueer
U chronie
E xotique

Au départ de la conception de cette exposition, il y a une contrainte en forme de jeu visant à diffracter l’imaginaire du baroque dans un large spectre de suggestions. Chaque figure multiplie ses signes à l’infini afin d’évincer toute tentative de définition articulée de ce que pourrait être Le Baroque, et inviter le spectateur à se perdre dans la nébuleuse de ses manifestations. Le baroque se révèle dans ce qui est bigarré, bariolé, bizarre, biscornu, comme la perle « Barroca » de la supposée étymologie. Il se dissimule dans l’Artifice, produit d’un processus artistique parsemé de contraintes et d’une technique rigoureusement élaborée. Il se démultiplie dans toutes les variantes de l’impossible Répétition : restitution, reconstitution, reconstruction, recréation, revival, réactivation, reenactment… La spirale qui s’enroule autour du vide organise sa cyclicité, avant même de dynamiser la structure et l’ornement des architectures et des corporéités.
Il se cache dans l’obscurité, l’obscurantisme, l’oubli, l’Ombre du Caravage, abîme de l’inconscient et productrice de lumière. Il s’amuse avec les métamorphoses et les subversions du corps, laboratoire politique et esthétique intemporel du Queer. À l’aise tant dans l’utopie que dans l’Uchronie, il brouille l’espace-temps, il replie et déplie sans cesse les récits entrelacés de l’intrigue et de l’action, de la présentation et de la représentation, de la mémoire et de l’histoire. Il apparaît souvent avec le visage de l’autre et le paysage d’un ailleurs – étrange, étranger, érotique, Exotique – y compris dans l’extase, l’exultation, l’exaltation, expériences de l’hors de soi.
Chacune des sept sections de l’exposition s’ouvre comme un cabinet de curiosités qui contient des objets, des documents, des témoignages, des vécus, pouvant être déjà archivés, en cours de fabrication ou à venir. Ces items se regroupent par grappes de mots, images, gestes, sons. Chacun permet d’accéder au passé par une faille qu’il ouvre dans le présent et de révéler ainsi l’enchâssement des temporalités qui relient l’expérience et les savoirs de ce que pourrait être le baroque en danse aujourd’hui.
 

Marina Nordera

Marina Nordera est danseuse, historienne de la danse et, depuis 2002, professeure et membre du Centre transdisciplinaire d’épistémologie de la littérature et des arts vivants (CTELA) à l’Université Côte d’Azur. Ses recherches et son enseignement portent sur l’histoire du corps et de la danse en Europe, en particulier à l’époque moderne et sur les méthodologies transdisciplinaires de la recherche en arts vivants. Elle s’intéresse principalement aux articulations entre les savoirs techniques, artistiques et théoriques et à leur transmission et circulation dans la société, entre les disciplines et entre les cultures. Elle a publié largement sur ces thèmes, ansi que sur l’articulation entre danse et genre, et sur la mémoire, l’histoire et l’historiographie des pratiques chorégraphiques. L’ensemble de son activité de recherche est imprégné par son expérience artistique. Engagée dans la structuration des études en danse, elle a contribué à fonder AIRDanza, association italienne pour la recherche en danse, dont elle a été la première présidente ; elle est membre fondateur de l’association des Chercheurs en Danse (aCD) et a participé à la conception et au développement de la revue numérique Recherches en danse. Marina Nordera est la commissaire de l’exposition Déplier baroque.