Rencontre

Séminaire Elsa Dorlin

Travailler
la violence #2

04 & 05.11.22

CN D Pantin

Avec Elsa Dorlin, Mathieu Rigouste, Diaty Diallo, Veronica Gago, Grégoire Chamayou, Louisa Yousfi, Chowra Makaremi, Adèle Haenel, Gisèle Vienne. 

Durant ces deux journées de rencontres, la philosophe Elsa Dorlin poursuit le projet « Travailler la violence », enclenché en 2021 au CN D à l'invitation de Gisèle Vienne, et en partenariat avec le Festival d’Automne.

Comment travailler la violence, la mettre en perspective, en scène et en récit ? Comment la mettre en pièces ? Comment en excaver l'histoire, au cœur de l'archive des vainqueurs ; en restituer l'historicité  jusque dans ses manifestations actuelles, sans cesse déniées ? Comment en saisir la logique patriarcale, arrimée au langage, aux imaginaires qui brouillent nos sens, nos désirs et nos concepts : comment défendre nos corps et nos vies ? Dans l'atmosphère crépusculaire du néolibéralisme, saturée de colonialité, comment résister face à une violence qui brutalise, dévaste et assassine les sans-droits et les vies de rien, les peuples, les communs et communautés de vie ? Comment la pointer du doigt avant qu'elle ne nous vise, quand elle se dérobe derrière des écrans de fumée et de gaz, des Etats de droits et d'ordre, des murs érigés, des dividendes et des dispositifs d'innocentement, pour mieux épargner le système qu'elle perpétue et la classe qu'elle fait vivre grassement ? Ce séminaire #2, est pensé comme une prise de parole et de position. Il est un espace/temps de réflexions, un collectif de voix qui s'échauffent, s'entraînent et comptent leurs outils critiques et leurs armes, honorent leurs mort·e·s et la mémoire des luttes, défient l'oubli. Éveillée, éclairée à la lumière des soulèvements présents, chacune des voix qui y seront portées travaille sur la violence néolibérale quotidienne ou crasse comme sur les modalités de résistance et de survie, d'échappées, de rage et de refus buté, d'autodéfense, de sabotage et de grève. Avec différentes bibliothèques, différents savoir-faire et engagements, comme un hommage aux chœurs politiques qui tonnent la pulsation des fulgurances insurrectionnelles, scandent le chant des soulèvements révolutionnaires, nous entrons, ici, de plain-pied dans la danse.

Professeure de philosophie politique contemporaine à l’Université Toulouse Jean Jaurès, Elsa Dorlin travaille depuis vingt ans une autre histoire des corps à travers la généalogie des rapports de pouvoir modernes. Elle a reçu la médaille de bronze du CNRS en 2009 pour ses recherches en philosophie et épistémologie féministes. Elle a été professeure invitée à l’Université de Berkeley en Californie (2010-2011), Fellow au Columbia Institute for Ideas & Imagination en 2018-2019, et résidente à la Fondation Camargo (2020-2021). Elle est l’autrice de La Matrice de la race. Généalogie sexuelle et coloniale de la Nation française, Paris, La Découverte,2006/2009, Sexe, genre et sexualités. Introduction à la philosophie féministe, Paris, Puf, 2008/2021. En 2017, elle publie Se Défendre. Une philosophie de la violence, Paris, Zones, traduit en plusieurs langues et qui reçut le prix Frantz Fanon de la Caribbean Philosophical Association. Elle a récemment dirigé l’ouvrage Feu ! Abécédaire des féminismes présents, Paris, Libertalia, 2021. Poursuivant sa réflexion sur la complexité des mécaniques de la domination, du sexisme, du racisme et du capitalisme, sa pensée se tient au plus près des résistances saisies à l’échelle de la chair, des muscles et des sens.