15 > 17.06.21
CN D Pantin
Lors de la création de ni fleurs, ni ford mustang en 2004 pour le Ballet de l’Opéra de Lyon, Christian Rizzo fait la connaissance de la danseuse Julie Guibert ; très vite s’affirme le désir d’écrire pour elle une forme solo, explorant sa manière d’habiter la scène. Fabriqué sur mesure comme un habit de lenteur, ce solo contemplatif se situe dans l’indéterminé – à la frontière du rituel et de l’installation plastique. Au geste du chorégraphe, que tout son travail cherche à subvertir, Christian Rizzo substitue celui de l’orfèvre ou du calligraphe qui découpe le corps de l’interprète, le sculpte directement dans l’espace à la manière d’un bas-relief. Dans un écrin sculpté par la lumière vacillante de Caty Olive, la silhouette de Julie Guibert fait ressurgir des couches esthétiques enfouies : chaque geste entrouvre une porte perceptive, laisse infuser une image – où se glissent des échos de la Nymphe de Fontainebleau du sculpteur Benvenuto Cellini. S’agit-il vraiment d’un solo ? La présence d’une figure chimérique tout droit sortie d’un film de David Lynch, qui remodèle l’espace autour d’elle, compose un duo d’ombres affairées à la préparation d’une énigmatique cérémonie.
Artiste touche-à-tout, danseur, chorégraphe, musicien, créateur de mode, Christian Rizzo se tourne vers la danse dans les années 1990. D’abord interprète pour de nombreux chorégraphes, il commence à créer ses propres pièces au sein de l’association fragile, composant des espaces sensoriels malléables, ouverts aux correspondances et aux collaborations, qui prennent la forme d’installations, de performances ou de pièces de danse, comme D’après une histoire vraie (2013). À la tête du Centre chorégraphique national de Montpellier depuis 2015, il poursuit cette recherche de décloisonnement des pratiques et de mise en réseau des savoirs, des corps et des espaces.