Formation

Résurgence

Dorothée Munyaneza

27 > 30.04.26

CN D à Pantin

« Je suis née de multiples fragments à plusieurs endroits.
1982, 1994, 2009, 2012, 2014, 2016, 2025.
Kigali, Londres, Carnac, Kamonyi, Portland, Lyon, Marseille.
Née Ningabire Nyampinga Dorothée, je suis devenue Munyaneza sous l'administration britannique. J’avais 12 ans.
Au pays de mes Aîné.e.s, iwacu -chez nous au Rwanda, nous ne portons pas de noms de famille. Nous portons des noms qui nous rapprochent de qui nous sommes, de qui nous saurons être.
Aujourd’hui je porte Munyaneza le patronyme, par-delà les mers, entre ocre et nacre, toujours en mouvement, je retiens l’essentiel du père, je nomme la mère et remonte la lignée des aïeules,
Ne pas oublier.
Raconter l'appartenance.
Aujourd'hui, je chante et je danse en souvenir de celles et ceux qui m'ont précédée et en résonance avec mes contemporain.e.s. Dans ces lieux de naissances, de morts et de résurgences multiples, j'ose m'accrocher à la beauté et à la joie. » Dorothée Munyaneza, Rio de Janeiro, 8.10.2025

Cette formation est un espace de partage et de résonance, quatre jours pour puiser des forces nouvelles pour poursuivre le récit, d’hier, d’aujourd’hui et de demain, une écriture contre l’oubli et l’anéantissement. Elle est une traversée de voix, de gestes, de mots et de noms qui portent en mémoire ejo, hier et demain, une invitation à créer du lien et à habiter le monde avec audace et éclat. Dorothée Munyaneza propose d’aborder l’importance de nos noms, en ayant comme point de réverbération les écrits de bell hooks Élégie des Appalaches, Moi, toi, nous…: Tituba ou l’ontologie de la trace d’Elsa Dorlin, Un bref instant de splendeur de Ocean Vuong et La mort de Vivek Oji de Akwaeke Emezi. Nommer. Être nommé. Se nommer. Raconter les multiples histoires que tissent nos noms ?

Par un travail vocal et chorégraphique, elle souhaite déplier les noms avec des mots sensibles et poétiques et déployer les corps dans un espace autorisant la beauté et la joie - la joie comme forme de résistance. Il s’agira d’un déploiement chorégraphique fondé sur l’improvisation et une écoute vive de la poésie et de la musique de Caleb Femi, Kano et Popcaan, aja monet, Saul Williams, Christian Scott aTunde Adjuah et Asna. Il y aura également un temps pour s’imprégner des mots et des mondes d’Asmaa Jama et Julianknxx.

Dorothée Munyaneza

Basée à Marseille, Dorothée Munyaneza développe une œuvre ardente. Originaire du Rwanda, elle s’installe à l’été 1994, à l’âge de 12 ans, avec sa famille en Angleterre. Elle étudie la musique à la Jonas Foundation (Londres) et les sciences sociales à Canterbury, avant de s’établir en France. En 2006, elle rencontre François Verret, ils collaborent sur Sans Retour, Ice, Cabaret et Do you remember, no I don’t. Elle travaille ensuite avec Alain Buffard, Alain Mahé, Stéphanie Coudert, Ko Murobushi, Rachid Ouramdane, Maud Le Pladec, Jean-François Pauvros, Radouan Mriziga, Maya Mihindou et Ben Lamar Gay. En 2013, elle fonde sa compagnie, Kadidi. Naissent Samedi Détente (création novembre 2014 au Théâtre de Nîmes), Unwanted (création juillet 2017 au festival d’Avignon), Mailles (création octobre 2020 Charleroi Danse), Toi, moi, Tituba… (2023) et en 2024 umuko, une pièce pour 5 jeunes artistes du Rwanda. Avec la musique, le chant, la danse, le texte, Dorothée Munyaneza part du réel pour saisir la mémoire et le corps, porter les voix de celles et ceux qu’on tait, pour faire entendre les silences et voir les cicatrices de l’Histoire. En 2020, Dorothée Munyaneza traduit de l’anglais Hopelessly Devoted de Kae Tempest (auparavant Kate Tempest), paru sous le titre Inconditionnelles chez L’Arche Éditeur, une pièce qu’elle a mise en scène pour les Bouffes du Nord en novembre 2024. Artiste associée au Théâtre la Ville - Paris de 2018 à 2021, Dorothée est aujourd'hui associée au Théâtre National de Chaillot, à la Maison de la Danse et la Biennale de la danse de Lyon. En 2024, elle a reçu le prestigieux prix européen SALAVISA pour son parcours.