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Session #1

Fondations, histoires, voyages

Aziz Dance - Vieux Lille © Homardpayette
Aziz Dance - Vieux Lille © Homardpayette

4.12.25 — 14:00

La Villette
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Introduction
Les danses hip-hop, nouveaux terrains, approches plurielles
14:15 – 35 min. 

par Friederike “Frieda” Frost

 

Conférence inaugurale
Spectres de mouvement. Tracer le savoir incarné dans les Hip Hop Studies
14:50 – 60 min. 

par Mary Fogarty et Imani Kai Johnson

Dans l’abstraction visuelle hiéroglyphique d’un b-boy qui apparaît en couverture de l’anthologie The Oxford Handbook of Hip Hop Dance Studies (Fogarty & Johnson, 2022), le graffeur et sculpteur Mare139 évoque un sens de révélation et d’opacité, un clin d’oeil aux forces obscures qui façonnent l’expression corporelle. Dans cette conférence inaugurale, Fogarty and Johnson explorent la façon dont la danse hip-hop porte des formes de savoir — corporelles, ancestrales et affectives — situées hors les cadres académiques conventionnels. S’appuyant sur les contributions du livre, y compris les travaux ethnographiques et les réflexions sur l’état actuel des hip-hop studies, cette communication examine comment ses formes de connaissance remettent en question les modes d’analyse dominants et éclairent les dynamiques culturelles, institutionnelles, et globales qui génèrent les vocabulaires et les épistémologies de mouvement dans le
hip-hop. On contemplera comment ces éléments spectraux défient l’engagement académique conventionnel mais enrichissent notre compréhension de leurs trajectoires globales et leurs résonances culturelles. 


L’épistémologie pluriverselle du hip-hop à travers les éléments : savoirs collectifs, polyculturels et incarnés dans le rituel du cypher
16:05 – 35 min. 

par Griffith Rollefson

Cette conférence commence par une présentation des quatre éléments traditionnels de la culture hip-hop — deejaying, breaking, graffiti et emceeing — ainsi que de son « cinquième élément » : le savoir. Je propose cet aperçu à travers un bref tour du monde d’artefacts culturels et de formations de savoir issus de mon projet « ERC CIPHER: Hip Hop Interpellation». Cette étude suggère qu’en examinant la glocalisation des idées hip-hop à travers les quatre éléments, on peut mieux comprendre «comment la culture fonctionne » (Rollefson et al., 2023). En analysant, par exemple, le trope du « battle » dans le hip-hop, on accède à des questions de traduction, de tradition, de médias, et bien plus encore — ce qui résonne localement et comment les cultures s’adaptent en intégrant de nouveaux savoirs (Rollefson, 2018). Cela dit, je n’ai réalisé que récemment que l’épistémè afrocentrée du hip-hop, qui établit une continuité entre le griot ouest-africain — poète, musicien, conteur, porteur de savoirs, guérisseur — et le MC, ne repose pas seulement sur les rimes ou la chronique de rue, mais sur le rôle rituel et « cérémonial» du Master of Ceremony. Je conclus ainsi en examinant comment cette révélation éclaire les pratiques rituelles du cypher dans le hip-hop, qui créent des espaces ouverts et «pluriversels » pour des savoirs collectifs, polyculturels et incarnés à travers tous les éléments (Mbembe, 2015). 

 

G.I’s Dancers! La circulation des informations sur la house dance via les bases militaires états-uniennes en Allemagne
16:40 – 35 min. 

par Larissa Clément Belhacel

Pour raconter l’histoire de la house dance, on insiste sur le rôle de figures individuelles ayant voyagé entre les États-Unis et le Japon ou l’Europe. Ce narratif laisse au second plan d’autres personnes restées aux États-Unis, reconnues plus tardivement. Il fait également l’impasse sur les conditions matérielles dans lesquelles se sont produits ces échanges, de façon poreuse et informelle. Les soldats afro-américains ont joué un rôle dans la diffusion de ces danses. Stationnés au Japon, dans le Pacifique ou en Europe, notamment en Allemagne, ils ont recréé des conditions de vie « à l’américaine » et vivaient pleinement les cultures musicales du moment. S’appuyant sur des entretiens approfondis avec des anciens G.I. qui pratiquent la house dance et ont vécu dans la région de Frankfurt, l’approche monographique centrée sur le parcours de quatre danseurs aux trajectoires artistiques, professionnelles et géographiques différentes, permet aussi de poser la question des multiples manières dont on peut danser la house. 
 

Film
17:15 – 35 min.  

Autour du béton 

par Gabriel Naghmouchi

Le film explore la mémoire des danses hip-hop et jazz rock en France à travers les récits de figures clés et des lieux emblématiques. Il retrace les trajectoires de ces artistes tout en interrogeant la transformation – voire la disparition – des lieux qui ont porté ces pratiques. Il se confronte à la rareté des archives visuelles et propose une approche sensible de la mémoire collective. La projection sera suivie d’une discussion avec le réalisateur et plusieurs danseur·euses ayant participé au film. Cette rencontre portera notamment sur la reconstitution et la mise en scène comme outils pour pallier le manque d’archives et faire émerger une mémoire incarnée. 

 

Archives sonores
18:00 – 35 min.

Écouter Babson 

par Laura Steil

À l’ère des réseaux sociaux en ligne, la vie sociale et culturelle des danseuses et danseurs hip-hop se fait de plus en plus dans la sphère numérique. Le danseur-chorégraphe et codirecteur du CCNRB Ousmane « Babson » Sy (1975-2020) était un pionnier de la prise de parole en ligne. Dès 2007, il incarnait le personnage « Justice » sur Dailymotion, commentant des actualités de la scène hip-hop avec un humour décapant. Plus récemment, et jusqu’à sa disparition fin 2020, il animait des lives sur Facebook, invitant des actrices et acteurs des danses hip-hop à se raconter, afin d’oeuvrer à une forme de transmission intergénérationnelle et à l’archivage numérique de l’histoire orale. Il entendait ainsi lutter contre l’oubli et l’invisibilisation des vécus hip-hop. Le montage sonore « Écouter Babson », conçu par Laura Steil, nous donne l’occasion d’apprécier ses perspectives sur la fabrication de la mémoire, la centralité de l’expérience ou encore l’importance de la communauté. 

 

Table ronde
Archives hip-hop : incorporer, documenter, exposer
18:40 – 75 min. 

par Véronique Ginouvès avec Ucka Ludovic Ilolo, Timothée « B-Boy Knowledge » Bidal, Sonia Dollinger-Désert et Fantine Collonge

Mémoires, traces, héritages… D’un « pas de côté » (Side Step) à la Maison Folie Wazemmes, une exposition proposant de se concentrer sur l’histoire nordiste des danses hip-hop françaises, à la grande collecte « Les archives du hip-hop : entrez dans l’histoire lyonnaise », témoignant des manières dont le hip-hop a irrigué la vie culturelle, sociale et politique de Lyon, cette table ronde invite à réfléchir à partir d’initiatives concrètes aux usages des archives privées, associatives ou institutionnelles concernant les danses hip-hop. Quels enjeux relationnels, culturels, patrimoniaux, mémoriels soulèvent ces projets de collecte, d’archive et d’exposition des danses hip-hop, et, plus largement, des danses afrodescendantes ? Comment se (re)vivent, se (re)vivifient, se (ré)expérimentent les artefacts, traces et mémoires archivées ?