En écho au workshop proposé la semaine du 21.10, cette conférence-atelier qui réunit les trois performeuses mêle danse, textes et images autour de la question de l’archive, ou plutôt des archives. Toutes trois charrient avec elles des histoires multiples, sud et nord-américaines, européennes, latinx, (post)coloniales, blanches et non blanches, pédées, lesbiennes, bi, cis, trans. Ensemble, elles se demandent ce qu’on peut apprendre en passant du temps au contact de vies anciennes qui ont été dans la galère, ont inventé des modes de vies, ont parfois dû affronter la solitude, ont fait la fête, aimé, lutté. Quels ancêtres et quelles histoires vivent en nous ? Comment comprendre et dévoiler les multiples mémoires qui influent sur notre manière de nous mouvoir et de créer des gestes ?
Emma Bigé
Emma Bigé étudie, écrit, traduit et improvise entre les champs des études en danse, des études queers et des inhumanités environnementales. Traductrice et travailleuse du texte, elle a notamment écrit Mouvementements. Écopolitiques de la danse (La Découverte, 2023), coédité des livres sur l’improvisation en danse (Steve Paxton: Drafting Interior Techniques, 2019 ; La perspective de la pomme. Histoires, politiques et pratiques du Contact Improvisation, 2021) et cotraduit des écrivaines et écrivains transféministes anglophones (dont Jack Halberstam, Sara Ahmed, Alexis Pauline Gumbs, Karen Barad, Eva Hayward, Marquis Bey…). Curatrice, Emma Bigé a aussi créé deux expositions-en-danse, l’une sur l’histoire du Contact Improvisation (Musée de la danse, 2018) et l’autre sur l’œuvre de l’improvisateur nord-américain Steve Paxton (Culturgest, 2019) et elle mène un projet au long cours, Zones d’Atterissage Temporaire, dédié à l’installation de zones à siester dans différentes villes d’Europe. Agrégée et docteure en philosophie, elle enseigne irrégulièrement l’épistémologie en écoles d’art et dans des centres chorégraphiques. Le reste du temps, elle écrit des trucs et des machins, et elle vit au bord d’une forêt dans le Périgord où, dès qu’elle peut, elle roule par terre.
Marcela Santander Corvalán
Née au Chili, Marcela Santander Corvalán se forme à Milan, puis au CNDC d’Angers. En parallèle de sa formation, elle étudie l’histoire et obtient une licence en danse à l’université Paris 8. Depuis 2011, elle a travaillé avec les chorégraphes Dominique Brun, Faustin Linyekula, Julie Nioche, Ana Rita Teodoro, Volmir Cordeiro. Elle collabore également avec le chorégraphe Mickaël Phelippeau sur plusieurs projets ainsi que pour la direction artistique de la manifestation À DOMICILE à Guissény en Bretagne. Elle développe ses propres projets depuis 2014, date à laquelle elle entame une association avec le Quartz, scène nationale de Brest, qui lui offre un terrain d’expérimentation propice à la mise en oeuvre de projets personnels. En février 2015, elle cosigne avec Volmir Cordeiro la pièce Époque. En 2016 elle crée son premier solo Disparue. Sa création, MASH, cosignée avec Annamaria Ajmone a été créée en 2017. En 2019, elle crée Quietos au manège, scène nationale de Reims dans le cadre du festival Born to be alive. En 2020, suite à une invitation de la péniche la POP à Paris, elle signe avec Hortense Belhôte une conférence performée sur le thème de l’écoute intitulée CONCHA – Histoires d’écoute. En 2022, elle crée Bocas de Oro. Marcela Santander Corvalán a été artiste associée au Quartz, scène nationale de Brest de 2014 à 2017. Elle est artiste associée à La Manufacture, CDCN Nouvelle-Aquitaine Bordeaux La Rochelle.
Hélène Giannecchini
Hélène Giannecchini est écrivaine, théoricienne de l’art et enseignante. Docteure en littérature, elle est spécialiste des rapports entre texte et image. Elle a publié aux éditions du Seuil, dans la collection « La Librairie du XXIe siècle », Une Image peut-être vraie (2014), Voir de ses propres yeux (2020) et Un désir démesuré d’amitié (2024). Obsédée par les images, elle les regarde, les expose, les collecte, les écrit, les partage. Responsable du fonds Alix Cléo Roubaud, artiste à laquelle elle a consacré son premier ouvrage, son travail se situe à la croisée de la littérature, de l’histoire et de la théorie de l’art. Son deuxième livre, Voir de ses propres yeux, écrit à la Villa Médicis, est un roman qui mêle récit de deuil et histoire de l’anatomie et de la dissection. Ses recherches actuelles portent sur les archives queer de la seconde moitié du XXe siècle. Elle travaille notamment sur l’œuvre de la photographe Donna Gottschalk. Elle a également écrit, à partir d’images de la Gay, Lesbian Bi and Trans Historical Society de San Francisco, le livret de Cortège. Cette pièce pour orchestre symphonique et électronique composée par Sasha Blondeau, chorégraphie et interprétée par François Chaignaud a été jouée à la Philharmonie de Paris en 2023. En 2021 et 2023 elle était en résidence d’écriture au Centre national de la danse à Pantin pour poursuivre ses explorations sur les liens entre danse, image et écriture.