Il fut un temps au Mozambique, juste après l’indépendance, où des camps de rééducation se chargeaient de remettre les membres de la communauté LGBTQIA+ dans le droit chemin du puritanisme révolutionnaire marxiste-léniniste. Afin de faire d’eux des « hommes nouveaux », citoyens modèles d’une société décolonisée, ils y recevaient une « éducation » morale et politique allant du travail collectif jusqu’aux tortures physiques et psychologiques. À ces quasi invisibles de l'histoire, Yuck Miranda, leur compatriote, rend hommage dans ce solo qui sonne comme un cri. La terre rouge étalée sur le plateau est semblable à celle qui, là-bas, étouffa et recouvrit d’un poids de silence les larmes, les rêves, les mémoires et même les corps des victimes. Quant à la musique, signée du beatmaker et DJ Nandele Maguni, elle reflète l’ambiance sonore de ce moment douloureux. Élaborée en France au fil d’une résidence en 2023 au CN D, Homem Novo a ensuite été répété et créé sur le sol natal, à Maputo ; pour témoigner et rendre vie aux âmes perdues.
Yuck Miranda
L’artiste originaire du Mozambique, qui se définit comme iel, se produit aussi bien au théâtre, au cinéma, à la télévision, dans la musique et dans la danse. Yuck Miranda a dirigé des documentaires, créé et interprété des performances basées sur le travail du corps et ses expressions à travers le mouvement, le son et le rythme, et cherche à établir un dialogue constant entre les disciplines artistiques. Ses œuvres soutiennent la défense des droxits des personnes LGBTQIA+ et ceux des enfants, ainsi que l’égalité entre les sexes.